Une population originale
Le Brésil n'est pas un pays comme les autres. Sa population présente des caractéristiques presque uniques au monde. Quelle est donc cette singularité ? Comment l'expliquer ?
1. L'occupation de l'immense espace brésilien
1.1. Un État-continent
Dans ses 8,5 millions de km², on pourrait loger 16 fois la France ! Le Brésil est le plus grand pays d'Amérique latine (dont il occupe la moitié du territoire du sous-continent) et le cinquième au monde par sa superficie.
De forme assez compacte — ce qui facilite sa mise en valeur —, il s'étend sur 4 300 km du nord au sud et d'ouest en est. Ses richesses naturelles sont considérables, tant sur le plan agricole que minier. Sa population est estimée à 186,1 millions, sa densité à 22 hab/km², ce qui laisse prévoir un formidable potentiel de développement pour le xxie siècle. En effet, aucune partie du Brésil n'est réellement contraignante (ni désert, ni hautes montagnes, ni zones froides). Le Brésil constitue la dernière grande réserve de terres vierges de la planète.
1.2. Une répartition de la population très contrastée
— Les étroites plaines littorales et leurs abords immédiats concentrent plus de 80 % de la population, de Fortaleza au nord à Porto Alegre au sud, en passant par les grandes régions urbaines de Rio de Janeiro et de São Paulo (cette dernière compte quelque 140 hab/km²).
— Le plateau du Brésil, à l'intérieur, abrite des densités plus faibles, comprises entre 10 et 25.
— La grande plaine amazonienne, enfin, a des densités très faibles, inférieures à 10, voire, souvent, à 1.
1.3. Des raisons historiques
Une telle répartition s'explique d'abord par l'histoire du Brésil. Le peuplement de la colonie portugaise s'est fait progressivement, à partir des ports du littoral.
— L'exploitation de la canne à sucre au xviie siècle a permis de mettre en valeur le Nordeste et le Sudeste.
— La recherche de l'or, au xviiie siècle, a touché le plateau central.
— Au xixe siècle ont été développés le café (dans l'arrière-pays du Sudeste), le coton (dans le Nordeste) et le caoutchouc (le long du fleuve Amazone).
— Au xxe siècle, le Brésil mène une marcha para o oeste (« marche vers l'ouest ») pour achever la conquête de son territoire : en 1960, la capitale est déplacée à Brasilia ; le front pionnier se déplace progressivement vers les confins amazoniens.
2. Une population métissée en croissance modérée
De même, l'histoire explique la composition de la population brésilienne. 55 % sont des Blancs : Portugais descendants des colons d'origine, bien sûr, mais également Allemands, Italiens, Espagnols, Polonais… Les Noirs, descendants des esclaves africains venus travailler dans les plantations, représentent 6 % de la population ; les Amérindiens et les Asiatiques 1 %. Le reste, soit 38 % de la population, est composé de métis (mélange de Noirs et de Blancs, pour l'essentiel) : la population brésilienne est la plus métissée au monde, contrairement à l'Amérique anglo-saxonne, par exemple, où les différents groupes ont cohabité sans se mélanger.
La croissance démographique brésilienne est de 1,3 % par an : le pays achève actuellement la phase B de sa transition démographique, comme le montre la chute de son taux de natalité (20 ‰). Avec 2,2 enfants par femme, la fécondité se maintient un peu au-dessus du seuil de renouvellement des générations.
La population brésilienne est encore relativement jeune : elle compte 30 % de moins de 15 ans et seulement 6 % de plus de 65 ans. Si elle a commencé à vieillir depuis les années 1980, l'arrivée sur le marché du travail des très nombreuses générations nées pendant les années 1960 et 1970 constitue aujourd'hui un problème majeur.
3. Une population très urbanisée
À partir des années 1960, le Brésil a connu une véritable explosion urbaine. São Paulo, par exemple, est passée de 3,7 millions d'habitants en 1960 à 16,5 millions en 1995 et 19 millions en 2004 ; elle concentre aujourd'hui plus de 10 % de la population totale du pays. Une telle croissance s'explique par la conjonction d'une forte natalité, en ville, et d'un important exode rural. L'urbanisation atteint un taux record de 81 %, contre 56 % en 1970.
La croissance urbaine se poursuit désormais à un rythme plus modéré. En 2015, São Paulo devrait compter 20,3 millions d'habitants et accueillir 11 % de la population totale.
Les villes brésiliennes se caractérisent par de forts contrastes spatiaux. Leur centre-ville ressemble aux quartiers d'affaires nord-américains. Les bidonvilles, qu'on appelle favelas, occupent généralement la couronne intermédiaire, des sites escarpés, dangereux ou insalubres. Plus loin s'étendent les banlieues résidentielles des classes moyennes et aisées, autour des axes de communication.
C'est dans les villes que l'inégalité sociale est la plus visible. Au Brésil, les 10 % les plus riches possèdent près de 50 % du revenu national ; les 10 % les plus pauvres moins de 1 % ! Les habitants des bidonvilles vivent ainsi dans une grande pauvreté. Si la plupart des anciennes favelas ont été améliorées (électrification, mise en place d'un réseau d'eau potable, constructions en dur…), la misère et la violence y règnent toujours.
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