« Il était une fois l'Amérique… » Comment ne pas penser immédiatement aux États-Unis, à l'Amérique des westerns, à celle de New York, Las Vegas ou Hollywood ? L'Amérique est pourtant constituée de bien d'autres territoires, qui ont une autre histoire. Lesquels ?

Depuis le Rio Grande, fleuve frontière entre les États-Unis et le Mexique, jusqu'à la Terre de Feu, à l'extrême sud du continent, s'étend l'Amérique latine. Pourquoi ce nom ? Simplement parce que l'on y parle essentiellement des langues latines : le portugais au Brésil, l'espagnol ailleurs (à l'exception des Guyanes, de Belize et du Suriname). Ce continent hispanophone et lusophone a été colonisé par les royaumes d'Espagne et du Portugal à partir de 1492. Au début du xix^e siècle, la langue des conquérants est devenue celle des États indépendants. En plus de leurs langues, les colonisateurs ont implanté leur religion : le catholicisme. S'il existe quelques rares exceptions (le Suriname, par exemple, est majoritairement hindouiste, en raison de l'importance de sa communauté indo-pakistanaise), l'Amérique latine reste une Amérique catholique. La pratique religieuse y est bien plus marquée qu'en Europe et l'Église joue un rôle très actif dans la société.

Au nord du Rio Grande commence l'Amérique anglo-saxonne. Autrefois, le sud-ouest des États-Unis faisait partie de l'empire colonial espagnol, ce dont témoigne la toponymie (Los Angeles, San Francisco, Las Vegas…). En 1848, le Rio Grande devient la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Cette appartenance politique n'empêche pas la civilisation hispanique de perdurer aux États-Unis : Los Angeles est aujourd'hui la deuxième ville hispanophone du monde, derrière Mexico, mais devant Madrid !

Le reste de l'Amérique du Nord constitue l'Amérique proprement anglo-saxonne. La langue dominante au Canada comme aux États-Unis est l'anglais. Le nord du continent a en effet d'abord été colonisé par l'Angleterre, qui y a supplanté la France. Puis, lorsque les États-Unis, en 1776, et le Canada, en 1867, sont devenus indépendants, la langue officielle a naturellement été celle de la majorité de la population, c'est-à-dire l'anglais.

En Amérique du Nord, la population est majoritairement de religion protestante (52 % aux États-Unis). Cela est moins vrai au Canada, où les catholiques sont plus nombreux (46 %) : le Québec a été une colonie française, et les francophones du Québec représentent aujourd'hui 23 % de la population canadienne.

Il existe enfin une autre Amérique, souvent négligée : celle des vaincus de l'histoire coloniale. Les Amérindiens, originaires d'Asie nord-orientale, ont traversé le détroit de Béring quelque 15 000 ans avant J.-C. Ils se sont installés sur le continent américain, descendant progressivement vers le Sud : les Inuit du Grand Nord, les Iroquois et les Hurons du sud du Canada, les Sioux, les Cheyennes et les Comanches (parmi beaucoup d'autres) aux États-Unis. Ils ont également établi les grands empires d'Amérique centrale (les Mayas et les Aztèques) ou andine (les Incas). On estime leur nombre à 25 millions en 1492, lorsque la colonisation du continent par les Européens a commencé.

Celle-ci a quasiment provoqué l'extinction de ces peuples. Des maladies inconnues en Amérique (la variole, la rougeole, le choléra, la grippe…) ainsi que de véritables massacres ont entraîné la disparition de 90 % des Amérindiens. Aux États-Unis, les Indiens ont été victimes d'un véritable génocide : ils ne représentent plus que 1 % de la population actuelle et sont « parqués » dans des réserves sur des terres souvent ingrates. En Amérique andine, plus montagneuse, ils ont mieux résisté et constituent par exemple 55 % de la population bolivienne (en 2005, Evo Morales est devenu le premier Amérindien élu président d’un pays d’Amérique latine). Le Canada a, pour sa part, reconnu les droits du peuple inuit en lui accordant, le 1^er avril 1999, un État autonome, le Nunavut, qui compte 26 745 habitants (dont 85 % d'Inuit) sur près de 2 millions de km².

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