Les campagnes d'Afrique tropicale
Dans les pays pauvres, les activités des paysans dépendent étroitement des conditions climatiques. Celles-ci sont caractérisées, dans la savane africaine, par l'alternance d'une saison humide et d'une saison sèche. Quelles sont les caractéristiques des paysages ruraux d'Afrique tropicale ?
1. Deux saisons par an
Dans les régions d'Afrique tropicale au nord et au sud de l'équateur, les pluies diminuent et la forêt dense des zones équatoriales disparaît. Le froid est inconnu : malgré des différences saisonnières, les températures sont toujours élevées.
Avec l'apparition d'une saison sèche marquée, les arbres s'espacent ; ils se concentrent le long des cours d'eau. Ailleurs, c'est le domaine de la savane et des herbivores (zèbres, gazelles, éléphants, etc.).
Les activités des hommes sont conditionnées par la répartition des pluies pendant l'année : les travaux des champs suivent le rythme des précipitations. Au nord de l'équateur, le calendrier est le suivant : brûlis en mars-avril (à la fin de la saison sèche, pour que les herbes brûlent facilement), semis dès les premières pluies, en mai-juin, et entretien des cultures (sarclage) pendant la pluviosité maximale, en août. Les récoltes se font en automne.
2. L'agriculture sèche sur brûlis
Dans les régions de savane, en Afrique (comme en Amérique latine et dans certaines régions faiblement peuplées d'Asie), les paysans pratiquent une agriculture sédentaire et profitent des pluies de la saison humide.
Les paysages ruraux s'organisent en couronnes successives autour des villages de cases.
Près des cases, une première auréole est composée de champs cultivés par les femmes et les enfants. La culture de ces jardins est intensive : grâce aux engrais naturels (déchets ménagers) et aux arrosages réguliers, les légumes y poussent toute l'année.
À l'extérieur de cette auréole de jardins (protégés contre les animaux par des clôtures végétales) s'étend un espace non cultivé. Là vivent les troupeaux du village, sous les arbres « utiles » (le baobab, l'acacia, le karité, et l'arbre à beurre qui fournit la matière grasse).
Plus loin, dans la savane, les paysans pratiquent une agriculture extensive. Pour défricher, ameublir le sol et fertiliser la terre, ils brûlent une portion de savane : c'est la technique du brûlis. Les sols pauvres à l'état naturel sont fertilisés par les cendres. Les paysans travaillent ensuite la terre en surface, avec des instruments traditionnels et rudimentaires comme la houe. Après deux ou trois ans d'utilisation, la terre s'est épuisée : on abandonne le champ (qui reste en jachère), et on en crée un nouveau ailleurs.
Quand les champs deviennent trop éloignés, il arrive que tout le village se déplace : on parle dans ce cas, d'agriculture sur brûlis itinérante. Dans les régions de savane, la densité de population est très faible.
3. Agriculteurs ou éleveurs
Dans ces régions peu arrosées par les pluies et non irriguées, on cultive des céréales comme le mil ou le sorgho, ainsi que des haricots et du manioc. Le mil est la céréale la plus cultivée en Afrique tropicale. Elle pousse plus haut que le blé, mais ses grains sont petits. Pour cuisiner, les femmes doivent aller chercher parfois très loin le bois et l'eau, rares dans ces pays de savane. Les tubercules et les céréales sont écrasés au mortier pour obtenir une sorte de farine, permettant de confectionner des galettes ou des bouillies. La viande (le poulet, le plus souvent) n'est guère consommée qu'une fois par semaine.
Dans les régions de culture sur brûlis, les paysans n'utilisent pas de bétail pour travailler ou fumer les champs. L'élevage est généralement limité à la volaille, aux porcs et aux chèvres, aux abords du village.
Certains peuples sont spécialisés dans l'élevage, comme les Peuls. Pour eux, le bétail est un signe de richesse ; ils élèvent pour les vendre des troupeaux de zébus, de chèvres et de moutons. Ils se déplacent d'un pâturage à l'autre, selon le parcours des pluies.
4. En conclusion
Les surfaces consacrées aux cultures vivrières reculent. Les paysans se spécialisent davantage dans les cultures commerciales d'exportation, comme le coton ou l'arachide. La pauvreté reste grande, et l'alimentation est souvent insuffisante en quantité et en qualité (la malnutrition). L'agriculture sèche a de faibles rendements : les sols tropicaux sont pauvres. Ils sont composés d'argile rouge peu fertile. Les engrais sont rares (en partie faute d'élevage). L'eau manque en saison sèche ; les cultures ne sont donc possibles qu'en été (la saison des pluies, au nord de l'équateur). Les outils (la houe) ne permettent pas de retourner profondément le sol. Enfin, les récoltes conservées dans des greniers mal protégés pourrissent parfois ou sont « entamées » par les rongeurs.
Cette agriculture extensive ne permet pas de nourrir une population toujours plus nombreuse. Certains quittent les campagnes, espérant trouver une vie meilleure dans les villes : c'est l'exode rural qui alimente les bidonvilles des principales villes africaines. D'autres tentent d'émigrer vers l'Europe pour trouver du travail : leur salaire aidera leur famille restée au village.
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