L'Afrique est le plus pauvre de tous les continents. Ce retard est-il irrémédiable ?

Les économies africaines souffrent d'un retard considérable que l'on peut mesurer par quelques chiffres : sur les 20 pays du monde qui ont le plus faible PNB par habitant, 19 sont africains ; l'Afrique représente plus de 13,5 % de la population mondiale, mais ne produit que 1,4 % des richesses… L'Espagne, à elle seule, produit deux fois plus de richesses que l'ensemble de l'Afrique subsaharienne !

Les populations africaines subissent les conséquences de cette situation économique. Leur espérance de vie est très inférieure à celle des pays riches. On vit en moyenne 79 ans en France, 71 ans en Algérie, 42 ans en Éthiopie et 38 ans au Malawi.

Si la famine a disparu, sauf exception localisée liée aux guerres civiles, la sous-nutrition et la malnutrition touchent encore de vastes régions d'Afrique noire. La production alimentaire par tête n'a cessé de baisser depuis 30 ans.

Quant aux conditions sanitaires, elles sont souvent médiocres : les hôpitaux sont rares, les médicaments coûteux, la sécurité sociale inexistante. Fin 2005, 65 % des personnes vivant avec le VIH ou le sida dans le monde vivent en Afrique subsaharienne, qui rassemble plus de 77 % des décès liés à cette maladie.

L'indice de développement humain (IDH) est particulièrement bas. Les 20 pays du monde ayant le plus bas IDH sont tous africains. À titre de comparaison, l'IDH de la France est de 0,928 (13^e rang mondial), celui du Niger de 0,277 ; avec 0,275, la Sierra Leone est au dernier rang.

Toute l'Afrique, cependant, n'est pas pauvre.

Les pays d'Afrique du Nord présentent des IDH nettement supérieurs : 0,773 pour la Libye ou 0,722 pour la Tunisie, sans être nécessairement des États exportateurs d'hydrocarbures. Maroc et Tunisie, par exemple, possèdent une économie relativement diversifiée, malgré des secteurs dominants tels que le tourisme et la confection.

L'Afrique australe est également une région au développement avancé. L'IDH de l'Afrique du Sud est de 0,695. La fin du régime d'apartheid a ouvert le pays aux investissements internationaux ; une croissance économique normale est désormais possible. L'État voisin, le Botswana, bénéficie d'une stabilité politique rare en Afrique qui lui permet d'attirer les investissements étrangers et de diversifier son économie.

Ces quelques pays moins défavorisés pourraient jouer le rôle de locomotives du développement et entraîner à leur suite l'ensemble de la région. L'Afrique du Sud semble aujourd'hui la mieux placée pour assumer cette tâche.

Le continent africain bénéficie de richesses parfois considérables. Les terres arables encore inexploitées ne sont pas négligeables et le sous-sol recèle d'abondantes ressources : les hydrocarbures du golfe de Guinée ou du Maghreb, le fer, le cuivre, les diamants, dont la société sud-africaine De Beers contrôle la quasi-totalité du négoce, et l'or, dont l'Afrique du Sud est le premier producteur mondial, devant les États-Unis.

Les pays africains peuvent également bénéficier d'une certaine aide internationale, souvent insuffisante, mais qui tend à s'amplifier. En 1999, les pays occidentaux ont en effet effacé 70 milliards de dollars de la dette africaine. Les États-Unis et la Chine développent également leurs investissements sur le continent.

Depuis quelques années, un certain redressement semble à l'œuvre, même si le bilan global reste encore fortement négatif. Une plus grande stabilité politique émerge en Algérie, au Maroc et en Afrique du Sud. Madagascar, le Cameroun, la République centrafricaine, le Bénin et l'Égypte ont un taux de croissance annuel de 5 % pour la période 1998-2000. Autant d'éléments qui permettent d'espérer que le xxi^e siècle sera, pour l'Afrique, celui du développement, même si beaucoup reste encore à faire.

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