On connaît souvent bien mal l'histoire de l'Afrique. Elle éclaire pourtant une large partie des problèmes que connaît ce continent. Quels sont les héritages du passé ? Quel est leur poids aujourd'hui ?

Depuis fort longtemps, les communautés africaines pratiquaient entre elles l'esclavage. Au Moyen Âge, les marchands arabes créent des circuits pour le commerce des esclaves noirs à travers le Sahara et l'océan Indien. Ils déportent ainsi quelque 15 millions de personnes, essentiellement des femmes.

À partir du xvi^e siècle, les colonies européennes d'Amérique ont besoin d'une main-d'œuvre très abondante dans les mines et dans les plantations. En Afrique, les tribus du littoral mènent des razzias à l'intérieur des terres et vendent les esclaves capturés aux marchands européens. Ceux-ci les transportent en Amérique, dans des conditions épouvantables, pour les revendre aux colons auxquels ils achètent des produits qu’ils rapportent ensuite en Europe (on parle de « commerce triangulaire ») ; 15 à 20 millions de personnes, majoritairement des hommes, sont ainsi déportés.

Les conséquences de cette déportation sont catastrophiques : dans certaines régions d'Afrique de l'Ouest, la population chute, rendant difficile la survie dans un milieu naturel déjà hostile. Certaines ethnies africaines s’isolent pour résister aux raids esclavagistes. Des haines farouches et durables s’installent, qui perdurent aujourd'hui encore.

Pendant la deuxième moitié du xix^e siècle, les grandes puissances européennes profitent de la faiblesse des tribus africaines et de leur supériorité technologique et militaire pour coloniser progressivement la totalité du continent. Les empires anglais et français sont les plus vastes.

La colonisation conduit à un certain développement économique. La mise en valeur du territoire progresse : les terres agricoles sont exploitées de manière intensive, comme la plaine de la Mitidja en Algérie ; les richesses minières sont inventoriées : le cuivre du Zaïre, le fer de Mauritanie, l'or d'Afrique du Sud… L'exportation des produits vers l'Europe entraîne le développement des ports et la création de routes et de voies ferrées.

Cependant, les richesses de l'Afrique sont exploitées au profit exclusif de l'Europe. Les produits agricoles, par exemple, sont destinés à l'exportation ou aux colons européens et non à la consommation locale. L'Algérie française produit ainsi des millions d'hectolitres de vin, alors que l'islam, religion la plus répandue dans le pays, interdit la consommation d'alcool.

L'héritage de la période coloniale se fait encore sentir aujourd'hui. Les États africains, devenus indépendants après la Seconde Guerre mondiale, ont par exemple conservé les frontières tracées par les colonisateurs. De nombreux pays rassemblent des ethnies différentes, qui souvent s'opposent, parfois se haïssent : c'est le cas des Hutus et des Tutsis au Rwanda, des Haoussa, des Yorouba et des Ibos au Nigéria... Les gouvernements, qui ne représentent souvent qu'une des ethnies du pays, n'ont pas la légitimité nécessaire pour assurer leur autorité et doivent faire face à des luttes armées intercommunautaires.

L'Afrique est le continent le plus touché par la guerre, qu'elle soit civile ou frontalière : Algérie, Rwanda, Somalie, Zaïre, Soudan, République du Congo… la liste est longue. Faire la guerre coûte cher et contribue à l'appauvrissement des pays : en 1999, l'Ouganda a dépensé plus de 400 millions de dollars pour lutter contre la guérilla anti-gouvernementale, alors que 44 % de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Les administrations et les gouvernements africains sont également parmi les plus corrompus de la planète. Dans des États divisés en ethnies rivales, il est difficile de faire prévaloir l'intérêt général. La famille de l'ex-dictateur nigérian Sani Abacha, par exemple, a « prélevé » dans les caisses de l'État une somme atteignant quelque 700 millions d'euros ! Les intérêts particuliers se confondent encore trop souvent avec ceux de l'État.

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