L’Afrique du Sud après l’apartheid
Le 12 juin 1964, le régime raciste d'Afrique du Sud condamnait à la prison à vie Nelson Mandela, le chef historique du mouvement noir anti-apartheid. Après plus d'un quart de siècle passé en prison, Nelson Mandela est élu président de la République d'Afrique du Sud. Comment expliquer un tel renversement de situation ?
1. La fin d'un régime raciste
1.1. Qu'est-ce que l'apartheid ?
L'Afrique du Sud a été colonisée par des descendants des Hollandais, les Afrikaners (ou Boers), puis par les Britanniques.
Les Blancs (13,6 %) ont toujours été moins nombreux que les Noirs (qui constituent aujourd'hui 75 % de la population).
Les colons ont institué l'apartheid (qui signifie « état de séparation » en afrikaner), un système raciste prônant un « développement séparé » des Blancs, des Noirs et des Métis.
1.2. L'Afrique du Sud au ban des nations
L'apartheid se traduit par un certain nombre de mesures : droit de vote réservé aux blancs ; stricte séparation des écoles et des lieux de résidence (création des townships, les ghettos noirs) ; interdiction des mariages mixtes ; regroupement des Noirs dans des territoires autonomes, les bantoustans.
L'ONU et la communauté internationale condamnent vigoureusement l'apartheid. L'embargo est décrété sur certains produits ; les prêts bancaires et les investissements à destination de l'Afrique du Sud sont interdits. Le pays est isolé du reste du monde.
1.3. La fin de l'apartheid
Devant ces mesures internationales ainsi que sous la pression d'une partie de la population, les Blancs sont contraints à faire des réformes.
En 1990, les mouvements anti-apartheid sont autorisés ; Nelson Mandela est libéré.
En 1991, les lois de l'apartheid sont abrogées.
En 1992, deux tiers des Blancs votent en faveur des réformes engagées par le président Frederik De Klerk.
En 1994, l'ANC (le Congrès national africain) remporte les premières élections libres en Afrique du Sud : Nelson Mandela est élu président de la République.
2. Une nouvelle Afrique du Sud
2.1. La réconciliation nationale
Des mesures symboliques tentent d'unir les différentes composantes du pays.
L'Afrique du Sud devient la rainbow nation (la « nation arc-en-ciel ») ; le drapeau intègre les couleurs de tous les mouvements politiques ; l'hymne national rassemble les différents chants autrefois concurrents.
La commission « Vérité et Réconciliation » tente de promouvoir la paix entre Noirs et Blancs en demandant d'accorder le pardon en échange d'un repentir sincère.
2.2. La normalisation institutionnelle
Une nouvelle Constitution est élaborée en 1996.
Les Noirs peuvent accéder à la vie politique sans que la minorité blanche (13,6 % de la population) ne soit écrasée. La Constitution garantit cet équilibre.
2.3. La normalisation sociale
Les Noirs ont désormais accès à tous les emplois, même aux plus qualifiés. Les politiques publiques tentent de redresser les déséquilibres anciens par l'instauration de quotas.
Une classe moyenne noire, plus aisée, se constitue. Les anciens leaders de la lutte anti-apartheid sont aujourd'hui aux postes-clés. Si la hiérarchie sociale existe toujours, elle n'est plus fondée sur la couleur de la peau.
3. La permanence des problèmes
3.1. La persistance des difficultés économiques
La croissance économique a été de 2,3 % par an en moyenne de 1990 à 2003. Après avoir longtemps stagné, les cours des matières premières (notamment celui de l'or), sur lesquelles repose une grande partie de l'économie sud-africaine, connaissent une certaine vigueur. Les investissements étrangers restent cependant prudents : 739 millions de dollars d'investissements étrangers directs en 2002.
Le marché intérieur (44,3 millions d'habitants) est encore trop faible : 24 % de la population vit avec moins de 2 dollars par jour et 50 % sont encore en dessous du seuil de pauvreté !
Le pays manque de main d'œuvre qualifiée.
3.2. La persistance de la violence et de l'exclusion
La population noire souffre encore d'une grande misère malgré l'ambitieux programme de rattrapage lancé par le président Nelson Mandela (construction de logements, électrification…).
En 2005, le pays compte plus de 25 % de chômeurs (4 à 6 % chez les Blancs, plus de 30 % chez les Noirs).
D'où la persistance de la violence urbaine (meurtres, attaques à main armée). Par voie de conséquence, le tourisme se développe encore timidement.
Compte tenu de la croissance démographique (+1,9 % par an entre 1990 et 2003), les tensions risquent de persister.
3.3. Un lourd héritage
Les structures héritées de l'apartheid se font encore sentir dans l'espace. Le contraste est important entre le township de Soweto et les banlieues aisées de Johannesburg.
Si le développement séparé des communautés noire et blanche n'est plus officiel, il reste encore très présent dans les esprits.
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