Un continent en développement
Avec ses taux de croissance à deux chiffres, le développement économique de l'Asie fait rêver le monde. Il serait pourtant bien hasardeux de se contenter de cette image simpliste. La croissance économique asiatique n'est ni générale ni exempte de contre-performances. Où en est le développement asiatique ?
1. La diversité des niveaux de développement
1.1. L'Asie occidentale
L'Asie occidentale forme un premier ensemble, qui trouve son unité dans l'islam et que l'on désigne souvent par Proche et Moyen-Orient. Il s'étend de la Méditerranée orientale à l'Iran.
Au sein de cet ensemble, les pays exportateurs de pétrole constituent un premier sous-groupe, à fort développement : en 2003, l'indice de développement humain (IDH) du Koweit est de 0,844 (44e rang mondial), celui de Bahrein est de 0,846 (43e rang), celui du Qatar de 0,849 (40e rang). Les États plus étendus sont en retrait : l'Arabie Saoudite est au 77e rang (0,772) ; l'Iran au 99e (0,736). Le reste de l'Asie occidentale occupe une position intermédiaire : de la Syrie au 106e rang (0,721) au Liban au 81e rang (0,759).
Israël constitue un cas particulier et se situe au 23e rang (0,915).
1.2. L'Asie septentrionale
L'Asie septentrionale rassemble les États asiatiques nés de l'éclatement de l'URSS : les pays du Caucase (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan) et d'Asie centrale (Kazakhstan, Ouzbékistan, Turkménistan, Tadjikistan, Kirghizistan) et la partie asiatique de la Russie.
En terme d'IDH, les pays du Caucase se situent en position intermédiaire, entre la 83 et la 101e place. Ceux d'Asie centrale varient davantage entre le 80e (Kazakhstan) et le 122e rang (Tadjikistan).
1.3. L'Asie méridionale
L'Asie méridionale est sensiblement moins développée : elle rassemble les pays du sous-continent indien (l'Inde, le Pakistan, le Bangladesh, le Sri Lanka), auxquels on peut adjoindre la Birmanie (Myanmar) à l'est, l'Afghanistan à l'ouest. Par son IDH, le Myanmar se place au 129e rang (0,578), l'Inde au 127e rang (0,602), le Bangladesh au 139e rang (0,520).
1.4. L'Asie orientale
L'Asie orientale rassemble des pays très différents, qui cependant partagent le rivage du Pacifique occidental. Certains sont des pays développés de longue date (le Japon, au 11e rang mondial, avec un IDH de 0,943) ou le sont devenus : Singapour (25e rang avec 0,907), la Corée du Sud (28e rang avec 0,901) et Taiwan (qui n'est pas classée par l'ONU) ; ainsi qu'un petit État pétrolier, le Brunei (33e rang avec 0,866).
La Chine et les pays d'Asie du Sud-Est sont en position intermédiaire : 61e place mondiale pour la Malaisie (IDH : 0,796), 73e pour la Thaïlande, 84e pour les Philippines, 85e pour la Chine. À l'exception de cette dernière, les pays communistes présentent des résultats médiocres : le Viêt Nam est 108e, le Cambodge 130e, le Laos 133e (les données ne sont pas disponibles pour la Corée du Nord). Le nouvel État du Timor-Leste est le plus mal classé d'Asie : 140e place avec un IDH de 0,513.
La partie orientale du continent asiatique est celle qui se développe le plus depuis les années 1970. C'est généralement à celle-ci que l'on fait allusion quand on parle de la « croissance asiatique ». La croissance chinoise, par exemple, est la plus forte au monde, avec un taux de croissance moyen de 8,6 % sur la période 1990-2002.
2. Le développement de l'Asie orientale
2.1. Le « miracle asiatique »
Ce « miracle » a concerné pour l'essentiel l'Asie orientale, du Japon à la Thaïlande. En 1960, les pays d'Asie ne représentaient que 5 % du PIB mondial. En 1996, à la veille de la crise financière, ces pays représentaient 27 % du PIB mondial. Le taux de croissance moyen de l'ensemble a été de 5,9 % par an de 1975 à 2002 !
La plupart de ces pays souffrent d'un manque de richesses naturelles : peu de pétrole, sauf en Indonésie, et peu de minerais. L'absence de matières premières impose l'ouverture de leurs économies au commerce international : elle favorise une stratégie d'industrialisation par les exportations, fondée sur une main-d'œuvre nombreuse et bon marché.
Les pays asiatiques ont d'abord importé des produits manufacturés, puis les ont fabriqués eux-mêmes afin de limiter les importations (souvent grâce à des transferts technologiques de sociétés occidentales). Ces produits, standardisés et fabriqués en grand nombre, sont désormais réexportés vers les pays industrialisés de l’hémisphère Nord. Les salaires s'élèvent progressivement ; le marché intérieur se renforce.
2.2. Le Japon, les Dragons et les Tigres
Le Japon a été l'initiateur de ce type de développement excentré. Depuis les années 1960, son industrie s’est diversifié et concerne le textile, l'automobile, l'électronique, l'informatique, etc. Le Japon est la deuxième puissance économique mondiale.
Dans les années 1970, le modèle de développement économique japonais est suivi par ceux que l'on nomme les Quatre Dragons : Hong Kong, Taïwan, Singapour et la Corée du Sud. Ces pays bénéficient également de la délocalisation des unités de production japonaises à travers l'Asie orientale, les coûts de production au Japon étant devenus trop élevés. Leurs taux de croissance s'emballent. Les Quatre Dragons se rangent aujourd'hui parmi les pays développés.
Dans les années 1980, le relais est pris par ceux que l'on appelle les Tigres, émules des Dragons : la Thaïlande, la Malaisie, l'Indonésie et, dans une moindre mesure, les Philippines. Ils développent à leur tour les industries de main d'œuvre. La Chine participe au mouvement, du moins dans sa frange côtière ; ses besoins énergétiques sont tels qu'ils tirent vers le haut le prix des matières premières.
Dans les années 1990, cette évolution économique touche le Viêt Nam (5,9 % de croissance annuelle sur la période 1990-2002) et le Myanmar (5,7 %).
2.3. Pourquoi la croissance ?
En 2003, la plupart des pays du Sud-Est asiatique connaissent des taux de croissance extrêmement élevés : le PNB/habitant a progressé de 8,4 % en Chine, 6,1 % en Thaïlande, 3,2 % en Malaisie, 2,8 % en Indonésie, 6,1 % au Viêt Nam.
Cette croissance exceptionnelle s'explique à la fois par de faibles charges salariales (qui permettent d'abaisser les coûts de production), par la grande discipline de la main-d'œuvre et son ardeur au travail, par l'accent mis, dans ces pays, sur le développement économique et par une grande confiance internationale (investissements de milliards de dollars dans la région).
2.4. La crise des années 1990
En 1997, cependant, l'Asie orientale a traversé une crise de confiance, qui s'est traduite en crise financière puis en crise économique. Le système bancaire asiatique, encore très fragile, a prêté plus d'argent (pour investir dans l'économie) qu'il ne pouvait raisonnablement en garantir. Inquiets, les investisseurs étrangers ont retiré une partie de leurs capitaux ; le crédit s'est fait rare, les faillites de banques et d'entreprises se sont multipliées.
Du même coup, le taux de chômage a augmenté brutalement : en Corée, il est passé de 2,3 % en février 1997 à 8,3 % à la fin de l'année 1998 pour retomber à 3,6 % en 2004. Après des années d'expansion vertigineuse et continue, la crise qui a touché l'Asie orientale rappelle que le développement est rarement un processus linéaire : il peut être interrompu, au moins momentanément. Le début des années 2000 a vu le redémarrage des économies asiatiques, sur des rythmes moins exceptionnels, mais dans un contexte économique assaini.
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