Les contrastes régionaux
Les contrastes régionaux sont très importants au Maghreb. 90 % de la population et des activités sont en effet concentrées sur le littoral. Comment expliquer de tels déséquilibres ? Peuvent-ils se perpétuer indéfiniment ?
1. Les contrastes démographiques
La répartition géographique de la population est déséquilibrée : 90 % des 73 millions de Maghrébins se concentrent sur une étroite frange littorale. Les densités rurales de ces plaines sont supérieures à 50 habitants au kilomètre carré (hab./km²) et peuvent parfois dépasser les 200 hab./km², alors que la densité moyenne au Maghreb n'est que de 24,4 hab./km². Sur cette frange littorale, on retrouve la plupart des villes : les capitales (Rabat, Alger, Tunis), mais aussi Casablanca, Tanger, Oran, Annaba…
Si les régions montagneuses de l'Atlas sont encore assez densément peuplées (10 à 60 hab./km², localement), ces densités s'effondrent lorsque l'on approche le désert.
La croissance de la population du Maghreb est encore très forte : le solde naturel y est de 2 % par an (davantage en Algérie, mais bien moins en Tunisie). Si les pays du Maghreb ont largement entamé la phase B de la transition démographique, la croissance de la population se poursuit et renforce la concentration littorale.
La croissance démographique se double en effet d'une forte croissance urbaine. Par rapport au reste du continent africain, le taux d'urbanisation est déjà élevé : 49 % en Algérie, 57 % au Maroc et 63 % en Tunisie. Liée à l'exode rural et à l'excédent naturel, la croissance des villes se poursuit aujourd'hui. La plupart de ces villes étant situées sur le littoral, cela accentue encore le déséquilibre au détriment de l'intérieur. Le Maroc reste toutefois moins touché par ce phénomène, car ses trois grandes villes historiques, Fès, Meknès et Marrakech, sont situées à l'intérieur des terres, dans les vallées de l'Atlas.
Cette concentration croissante de la population sur les plaines littorales pose de graves problèmes. Les densités sont importantes et la concurrence est vive pour l'utilisation de l'eau, un bien rare au Maghreb.
2. Les contrastes économiques
Les contrastes démographiques se doublent de contrastes économiques.
Les zones littorales constituent en effet le cœur des économies maghrébines :
— on y trouve les terres les plus fertiles, qui produisent notamment des agrumes pour l'exportation, surtout au Maroc et en Tunisie ;
— les principales zones industrielles y sont également localisées. C'est là, par exemple, que sont installées les industries lourdes algériennes : usines de liquéfaction à Arzew, près d’Oran, raffineries d'Alger et de Skikda, usines sidérurgiques d'El Hadjar, près d'Annaba. C'est également le cas pour Casablanca, au Maroc, ou Bizerte, au nord de Tunis. Ces centres industriels exploitent généralement les ressources naturelles de l'arrière-pays ;
— le Maghreb est en effet bien doté en matières premières : phosphates en Tunisie et au Maroc (qui possède la moitié des réserves mondiales !), pétrole et gaz naturel en Algérie et Tunisie, minerai de fer…
Les zones montagneuses intermédiaires présentent des caractéristiques bien différentes. Les activités restent modestes : l'agriculture, traditionnelle, est peu mécanisée ; les centres industriels sont rares. C'est moins vrai au Maroc, où Fès, Meknès et Marrakech constituent d'importants centres d'artisanat, de commerce et, de plus en plus, de tourisme. À cette exception près, les montagnes et les hautes plaines du Maghreb connaissent un important exode rural en direction du littoral.
Les activités localisées dans le Sahara sont exclusivement liées à l'extraction des ressources naturelles, les hydrocarbures. La Tunisie et surtout l'Algérie possèdent en effet de vastes gisements de gaz naturel (Hassi R'Mel) et de pétrole (Hassi Messaoud, Edjeleh). Les hydrocarbures sont acheminés vers le littoral au moyen de gazoducs et d'oléoducs. Ce sont en effet les zones industrielles du littoral qui traitent ces hydrocarbures (raffinage du pétrole, liquéfaction du gaz naturel), avant de les exporter. En dehors des activités d'extraction se maintiennent quelques oasis palmeraies, productrices de dattes. La Tunisie et le Maroc tentent de développer le tourisme dans le Sahara. Le déséquilibre entre le littoral et les terres intérieures semble pourtant devoir durer.
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