Un cinquième de l'humanité
Un bébé chinois naît toutes les deux secondes : ce qui fait près de 20 millions de naissances en un an ! Quels sont les problèmes posés par une telle croissance ?
1. L'État le plus peuplé de la planète
La Chine compte aujourd'hui plus de 1,3 milliard d'habitants. C'est l'État le plus peuplé de la planète : un homme sur cinq est chinois. Si l'on ajoutait la population de Hong Kong, Macao, Taïwan et les Chinois de la diaspora en Asie du Sud-Est (notamment à Singapour), leur nombre s'élèverait à 1,9 milliard.
Ce pays immense (9,6 millions de km²) présente une remarquable unité ethnique : 92 % de la population sont des Han (c'est-à-dire des Chinois). Les peuples minoritaires, autrefois conquis par les Han, ne représentent que 8 % de la population et vivent à la périphérie : Mandchous, Mongols, Ouigours, Tibétains, Birmans et Thaïs…
La répartition de la population est extrêmement contrastée : si la densité moyenne dépasse les 140 habitants par km², la partie orientale du pays (environ un tiers de la surface totale) accueille 80 % des Chinois. Les densités rurales y dépassent couramment les 800 hab./km². La province du Shandong, par exemple, abrite des densités supérieures à 550 hab./km². La Chine intérieure, en revanche, est beaucoup moins peuplée : c'est le domaine des minorités nationales, même si le pouvoir central y encourage la venue des Han. La province du Tibet, par exemple, ne compte que deux habitants au km² !
2. Un exceptionnel coup de frein
Parce que les densités de la Chine de l'Est sont déjà exceptionnellement élevées, et en raison de l'énorme masse de population concernée, la croissance démographique pose en Chine d'énormes problèmes.
Dans les années 1950, avec un taux de natalité supérieur à 37 ‰ et un taux de fécondité de 5 à 6 enfants par femme, la population chinoise augmentait de 2 % par an. Pour juguler cette croissance, le gouvernement chinois a alors entrepris une politique de limitation des naissances d'une extrême rigueur. Les moyens mis en œuvre sont exceptionnels : fixation d'un âge minimum pour le mariage ; contraception obligatoire ; 40 millions de stérilisations ; 50 millions d'avortements.
En 1979 est mise en place la « politique de l'enfant unique ». Les ménages qui respectent cet objectif reçoivent des avantages (priorité au logement, allocation) ; ceux qui ne le font pas sont durement pénalisés (séparation des époux, amendes). Dans les campagnes, où les garçons sont perçus comme une garantie pour les vieux jours des parents, cette politique est très mal suivie. Les avortements et les infanticides de filles se multiplient.
La Chine a donné un grand coup de frein à sa croissance démographique : elle a réalisé sa transition démographique en une trentaine d'années. Le taux de natalité est aujourd'hui proche de 12 ‰, la fécondité est tombée à 1,7 enfant par femme, ce qui garantit la stabilisation puis la baisse de la population au cours du xxie siècle. Mais le bilan humain est catastrophique. Les filles ont été sacrifiées (12 % de garçons en plus, à la naissance). La mortalité infantile, quoiqu'en baisse, est encore très élevée (32 ‰) et concerne d'abord les fillettes, souvent mal traitées. Voilà qui compromettra sans doute une part des mariages des générations à venir. Enfin, le problème démographique a été déplacé : la population vieillit à un rythme accéléré ; le nombre de personnes âgées va exploser au xxie siècle, dans un pays où rien n'est conçu pour elles.
3. Un pays encore rural en urbanisation accélérée
La Chine est encore un pays très rural. Une agriculture vivrière performante, qui permet de nourrir — frugalement — des densités considérables, et la pression exercée par un gouvernement autoritaire ont longtemps maintenu dans les campagnes l'essentiel de la population chinoise, mais l'exode rural s'accélère puissamment le début des années 1990 : la population rurale ne représente plus en 2004 que 59 % de la population totale.
La croissance urbaine s'accélère. Les villes sont situées en majorité en Chine orientale (55 % de la population urbaine contre 13 % au Tibet), notamment sur le littoral. C'est là que la croissance économique est la plus importante. C'est, en conséquence, là que l'attraction est la plus forte.
L'exode rural tend donc à renforcer le déséquilibre entre la Chine de l'Ouest, intérieure, et la Chine de l'Est, littorale. 1 % de la population rurale émigrerait chaque année vers les villes : l'exode rural dépasserait donc l'excédent naturel. Le gouvernement tente certes d'encadrer ce mouvement en créant de nouvelles villes, à proximité des villes existantes, mais le problème de l'urbanisation chinoise reste entier : depuis les années 1970, les villes chinoises progressent de plus de 5 % par an !
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