paléolithique
Habitations troglodytiques
Situées en Cappadoce, les habitations troglodytiques de Göreme datent du paléolithique.
Nick Meers/Arcaid
paléolithique, première période de la préhistoire, caractérisée par l’usage de la pierre taillée, qui a débuté il y a moins de 3 millions d’années pour s’achever en 8000 av. J.-C. environ.
En Afrique, le paléolithique prend le nom d’« âge de pierre », mais il s’est en réalité prolongé jusqu’à l’âge du fer (quelques siècles av. J.-C. ou apr. J.-C. selon les régions) et même jusqu’aux temps historiques, englobant ainsi la période qui, dans d’autres parties de l’Ancien Monde, correspond au néolithique.
En 1844, Jacques Boucher de Perthes, fonctionnaire des douanes à Abbeville découvre dans les alluvions de la Somme des outils de pierre taillée par l’Homme ainsi qu’une dent d'éléphant. En dépit du scepticisme et des attaques de la communauté scientifique de l'époque, il démontre ainsi l’existence de l’Homme « antédiluvien ». Les archéologues établissent par la suite que les outils de pierre taillée avaient précédé les outils de pierre polie, bien que rien ne laissât prédire l’ampleur ou la durée de leur utilisation. C’est finalement le naturaliste et homme politique britannique John Lubbock qui, en 1865, invente les termes paléolithique (du grec palaios, « vieux », et lithos, « pierre ») et néolithique (de neo, « nouveau ») pour désigner respectivement la période des outils de pierre taillée et celle des outils de pierre polie.
Biface acheuléen
Les outils acheuléens (du nom du site archéologique de Saint-Acheul, France) sont des instruments d'assez grande dimension taillés sur les deux faces, d'où leur nom de « biface ». Correspondant au paléolithique inférieur, ces outils se développent il y a 1,4 millions d'années. Ce biface acheuléen, vieux de 700 000 ans, provient des Gorges d'Olduvai, en Tanzanie.
John Reader/Science Source/Photo Researchers, Inc.
Le paléolithique est divisé en trois stades principaux (inférieur, moyen et supérieur), fondés sur les caractéristiques de l’industrie lithique (outils de pierre taillée) et osseuse (outils, éléments de parure, et os gravés).
2.1 |
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Le paléolithique inférieur |
Le paléolithique inférieur, qui s’étend sur une immense période, a débuté il y a environ 2,5 millions d’années avec l’apparition des premiers outils de pierre, découverts en Éthiopie. Il est fort probable que les premiers humains, à l’instar de certains grands singes, utilisaient des instruments depuis plus longtemps, mais nous n'en avons pas de preuves tangibles. En effet, les matériaux organiques se sont décomposés avec le temps sans laisser de traces, et les premières pierres ayant servi d’outils ne portent pratiquement pas de marques reconnaissables puisqu’elles étaient utilisées telles quelles, sans être taillées.
C’est la modification apportée à des galets naturels qui a permis de les identifier comme étant des outils à part entière, c’est-à-dire des objets transformés en vue d’une utilisation précise. Il s’agissait d’instruments très simples, obtenus en frappant deux galets l’un contre l’autre de manière à en détacher des éclats pour en dégager des bords tranchants et rectilignes. Cette technique permettait de produire toute une variété d’outils assez frustes, qui pouvaient servir à hacher, couper ou racler. Ces galets sont appelés choppers lorsque des éclats sont détachés sur une seule face du galet, et chopping tools lorsque les deux faces de l’outil ont été façonnées. Les arêtes ainsi obtenues sont extrêmement tranchantes et, si elles peuvent s’émousser ou se casser à l’usage, elles sont facilement affûtables ou remplaçables. Cette période est appelée Oldowayen, d’après le célèbre site d’Olduvai, en Tanzanie, où de tels vestiges, qui caractérisent l’Homo habilis, ont été découverts en grand nombre.
L’étape suivante est caractérisée par les bifaces. Ces outils étaient taillés sur chaque face, et plus régulièrement, afin d’obtenir la forme souhaitée. Ils pouvaient être très élaborés, comme les bifaces en forme d’amande, parfaitement symétriques, que l’on a découverts dans de nombreuses régions, et qui avaient vraisemblablement plusieurs fonctions, avec deux côtés longs et tranchants, une base arrondie permettant une bonne prise en main, mais pouvant également servir de percuteur, et une pointe. Les bifaces sont apparus à l’époque de l’Homo erectus, l’ancêtre direct de l’Homo sapiens, dont les restes fossilisés ont été découverts du sud de l’Afrique à l’Europe et à l’Asie du Sud-Est, et dont les datations couvrent une période allant d’il y a environ 1,8 million d’années à quelque 300 000 ans. La recherche de la symétrie est souvent considérée comme un progrès significatif dans l’évolution psychique de l’Homme. En Europe, la longue civilisation des fabricants de bifaces est appelée acheuléen, d’après le gisement de Saint-Acheul, dans la vallée de la Somme, près d'Amiens, le premier des nombreux sites où de tels instruments ont été découverts. En Afrique, le terme d'acheuléen a été attribué aux civilisations riches en bifaces et également en hachereaux. Il a succédé à l'Oldowayen vers 1,5 million d'années pour se terminer autour de 200 000 ans à Kalambo Falls en Zambie.
2.2 |
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Le paléolithique moyen |
Le paléolithique moyen est une période mal définie qui commence à différentes dates selon les régions. Une invention notable de cette période, probablement indépendante des lieux et des époques, est la technique Levallois (nommée d’après un site de carrières de la banlieue parisienne), dans laquelle un nucléus était façonné par une série d’enlèvements de manière à préparer un plan de frappe et à prédéterminer la forme du, ou des derniers éclats détachés. Cette technique élaborée, qui suppose une anticipation des étapes ultérieures en vue d’un but précis, était mise en œuvre sur des silex à grain très fin, soigneusement choisis, ce qui supposait une recherche particulière du matériau. Elle permettait d’obtenir une plus grande variété d’outils spécialisés et de qualité (pointes, grattoirs, racloirs).
En Europe, la technique Levallois est associée au moustérien (d’après l’abri-sous-roche du Moustier, en Dordogne), une industrie complexe du paléolithique moyen qui débute approximativement il y a 180 000 ans et s’achève il y a 40 000 ans. Le moustérien coïncide plus ou moins avec l’existence de l’homme de Neandertal (Homo sapiens neandertalensis). En Afrique, cette période s’étend approximativement de 150 000 à 30 000 ans.
2.3 |
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Le paléolithique supérieur |
Réalisation de lames de silex
The Natural History Museum, London
Le paléolithique supérieur correspond en Europe à la disparition de l'homme de Neandertal, à l’apparition de l’Homme moderne (Homo sapiens sapiens) et à la dernière période glaciaire. Il a débuté vers 35 000 ans avant notre ère et s'est terminé avec le réchauffement climatique autour de moins 10 500 ans. Il est caractérisé par la production et le perfectionnement d’une grande variété d’outils en pierre, en os, en bois de cervidés et en ivoire, notamment des propulseurs, des harpons et des aiguilles, souvent ornés de gravures. Les outils de pierre du paléolithique supérieur présentent toute une variété de formes sophistiquées (alènes, burins, racloirs, etc.). Ils sont fabriqués pour la plupart selon une technique très élaborée permettant une grande économie de matière première, à partir de lames et de lamelles (éclats longs, plats, étroits aux faces parallèles débités par percussion indirecte, c’est-à-dire en plaçant une pièce intermédiaire entre le percuteur et le plan de frappe du nucléus, plutôt que par percussion directe). Certaines périodes sont liées à la production de superbes objets de pierre comme les feuilles-de-laurier ou les feuilles-de-saule, des lames de silex de plusieurs dizaines de centimètres de long pour quelques millimètres d’épaisseur, dont on ne connaît pas la fonction précise (peut-être à des fins monétaires ou de prestige), et qui étaient produites en grand nombre au solutréen (19 000-16 000 avant notre ère) dans le sud-ouest de l’Europe.
Le paléolithique supérieur, qui a débuté en Europe il y a environ 35 000 ans, s’est achevé il y a environ 10 500 ans avec la fin de la période glaciaire dans l’hémisphère Nord. Il est divisé en de nombreuses cultures : le châtelperronien, l’aurignacien, le gravettien, le solutréen et le magdalénien.
Outils préhistoriques
Les hommes préhistoriques se dotèrent d'une grande variété d'outils en pierre, souvent destinés à des usages spécifiques. Les plus grands, telles que haches et herminettes, étaient utilisés pour couper et travailler le bois. Les outils à lame servaient à découper la viande et le poisson, tandis que les instruments à pointe, de formes et tailles diverses, constituaient des armes de chasse.
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L’importance des outils de pierre au paléolithique est sans doute trompeuse : ils ont été conservés en raison de la permanence du matériau, mais leur abondance ne reflète pas nécessairement la réalité. Des études sur la manière dont les peuples actuels utilisent l’outillage de pierre et des observations réalisées en microscopie électronique ont permis de comparer les traces d’usure et les résidus subsistant sur des outils préhistoriques avec des spécimens modernes utilisés pour des tâches spécifiques sur divers matériaux. Les résultats ainsi obtenus tendent à démontrer que de nombreux outils de pierre étaient utilisés pour travailler le bois, et que le bois lui-même revêtait sans doute une importance considérable dans l’outillage paléolithique, ne serait-ce que pour servir de support ou complément aux parties en pierre des outils. On a d’ailleurs retrouvé quelques spécimens de bois, datant du paléolithique inférieur et moyen, comme une paire de pointes de lance en Europe, et une fine planche adroitement travaillée au Japon.
Au paléolithique, les hommes vivaient de chasse, de pêche et de cueillette, mais nous ne savons pas dans quelle mesure les premiers hommes du paléolithique inférieur (Australopithecus, Homo habilis et Homo erectus) ont vécu du produit de l'une ou l'autre de ces activités. À partir du paléolithique moyen, la chasse se développe véritablement avec la production d’outils plus spécialisés et avec l’émergence d’un esprit communautaire favorisant la chasse collective. Les animaux chassés étaient très variés : les herbivores comme le cheval, le bison, le cerf, le mouflon, le bouquetin, et, en Afrique, la faune de la savane, étaient chassés pour leur viande, tandis que les carnivores étaient plutôt recherchés pour leur fourrure. Les très grandes espèces, comme les mammouths, étaient probablement très peu chassées.
Les peuples paléolithiques présentaient un comportement nomade, suivant les déplacements des animaux en fonction de leurs migrations saisonnières. Ils pouvaient vivre dans des grottes, comme celle de Choukoutien (Zhoukoudian) en Chine, la caune de l’Arago à Tautavel, dans les Pyrénées-Orientales, ou les grottes d’Arcy-sur-Cure dans l'Yonne, et dans des campements installés en plein air, comme les huttes de branchages construites sur l’ancienne plage de Terra Amata à Nice, aujourd'hui très au-dessus du niveau de la mer, ou les tentes de peaux des haltes de chasse de Pincevent en Seine-et-Marne. Au paléolithique supérieur, période de grande glaciation, des huttes très élaborées étaient construites à partir de centaines d’os de mammouths dans les steppes d’Europe de l’Est dépourvues d’arbres.
Le feu a vraisemblablement été maîtrisé il y a plus de 500 000 ans, et les foyers sont nombreux sur les sites du paléolithique moyen et supérieur. Grâce au feu, l’Homme dispose de lumière, de chaleur, d’une arme contre les animaux et d’une méthode de cuisson pour ses aliments. Au paléolithique supérieur, le feu sert également à faire éclater les matériaux durs, comme les silex, à modifier la couleur des pigments minéraux et, dans certaines régions comme la Moravie et le Japon, à cuire des figurines et des récipients en argile.
Des peuples du paléolithique ont maîtrisé les techniques de navigation : des hommes ont atteint l’Australie il y a environ 55 000 ans, peut-être plus, ce qui signifie qu’ils avaient effectué une traversée en haute mer sur au moins 100 km, puisque l’Océanie n'était pas reliée au sud-est de l’Asie, même à l’époque où le niveau des eaux était bas.
3.2 |
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Les pratiques funéraires |
Gisement d'Atapuerca
En 1976, une équipe d'archéologues a trouvé de nombreux restes d'Homo (stade archaïque d'Homo sapiens) sur le site d'Atapuerca, dans le nord de l'Espagne. Bouleversant les résultats des recherches scientifiques antérieures, cette découverte a permis d'avancer l'hypothèse de pratiques funéraires rudimentaires avant le paléolithique moyen. La richesse du site archéologique d'Atapuerca attire aujourd'hui encore de nombreux scientifiques qui ont, depuis lors, revu leur champ d'investigation.
Archivo Iconografico, S.A./Corbis
Les premières pratiques funéraires datent du paléolithique moyen. Toutefois, à Atapuerca, dans le nord de l’Espagne, on a découvert des vestiges d’une inhumation rudimentaire qui aurait eu lieu il y a 300 000 ans : près de 35 squelettes humains prénéandertaliens semblent avoir été placés dans une fosse. Aucun matériau ni outil n’a été retrouvé sur place (preuve qu’il ne s’agissait pas d’un campement), et l’absence d’os d’animaux ou de marques de charognards (ce qui aurait été le cas s’ils avaient été victimes de prédateurs) semble confirmer l’hypothèse d’un rite funéraire. Un squelette d’homme de Neandertal, dans la grotte de Shanidar (région kurde irakienne), a été découvert entouré de pollen, ce qui indique que des fleurs avaient été déposées autour de la tête du mort. C’est au paléolithique supérieur que les inhumations deviennent plus élaborées, les sépultures comportant de l’ocre rouge, des objets funéraires, et dans certains cas, des centaines de perles provenant certainement d'ornementations placées sur les vêtements ou les cheveux.
L’art se développe réellement au paléolithique supérieur, sur tous les continents, sous forme de gravures et de peintures pariétales, de modelages d’argile, de statuettes ou de gravures réalisées sur des ustensiles ou sur des plaquettes d’os, d’ivoire ou d’argile. Cependant, des formes d’art antérieures ont existé dès le paléolithique moyen et inférieur, comme en témoigne par exemple une figurine féminine datée de plusieurs centaines de milliers d’années, découverte à Berekhat Ram, en Israël.
Bien que l’art développé en Europe occidentale soit le plus étudié et le mieux connu, au travers en particulier des célèbres fresques des grottes Chauvet, de Lascaux, d’Altamira ou de Niaux (voir art paléolithique ; magdalénien), d’autres créations artistiques ont également été mises au jour sur les autres continents. En Australie, par exemple, on a découvert des pétroglyphes (gravures sur pierre) datés de plus de 40 000 ans, ainsi qu’un collier de coquillages de 32 000 ans. Les peintures de Pedra Furada, au Brésil, remontent à 12 000 ans, peut-être même 17 000 ans et plus. Enfin, des parures de coquillages (provenant très certainement de colliers ou de bracelets), découvertes au début des années 2000 en Afrique du Sud, dans la grotte de Blombos, situent l’invention par l’homme de la parure corporelle et de l’objet symbolique bien plus tôt : elles sont en effet vieilles de 75 000 ans.
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