Botticelli, Sandro
Botticelli, Sandro (1445-1510), peintre florentin.
Artiste de la première Renaissance florentine, au service de la famille Médicis, Sandro Botticelli est célèbre pour avoir produit nombre de ses œuvres dans le contexte intellectuel et culturel de la cour de Laurent le Magnifique, alors considérée comme l’un des plus hauts lieux d’humanisme et d’érudition de l’époque.
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LE BRILLANT ÉLÈVE DE FILIPPO LIPPI |
Né à Florence, Alessandro di Filipepi, dit Sandro Botticelli, se forme à l’orfèvrerie avant d’entamer l’apprentissage de la peinture auprès de Filippo Lippi. Il travaille ensuite dans l’atelier de Verrocchio (maître de Léonard de Vinci) et se montre particulièrement sensible, au cours de ses années de formation, à l’art du peintre et graveur Antonio del Pollaiolo. Vers 1470, Sandro Botticelli est à la tête de son propre atelier. De cette époque date l’Allégorie de la Force ou Fortitudo (1470, galerie des Offices, Florence), œuvre commandée à l’artiste pour la décoration du tribunal de la Mercanzia de Florence — les six autres vertus sont de la main des frères Polliaolo. Cette peinture est marquante pour la détermination imprimée au visage du modèle ainsi que pour le subtil jeu de drapé de son habit. Le même traitement des reliefs, soutenu par un dessin aux accents ciselés, se retrouve la même année dans les deux scènes de la vie de Judith et notamment dans le Retour de Judith à Béthulie (1470, galerie des Offices).
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Le portraitiste des Médicis |
Botticelli, l'Adoration des mages
L'Adoration des mages de Botticelli a été commandée par un homme d'affaires proche des Médicis, Gaspare di Zanobi del Lama, pour la chapelle familiale de l'église Santa Maria Novella à Florence. L'œuvre comporte, outre le sujet religieux et son décor de ruines antiques, une suite de portraits de la famille et des proches des Médicis. Ainsi se révèle le climat d'humanisme aristocratique qui, dans la Florence d'alors, mêle l'art et la politique. Moins empreinte de ferveur que l'Adoration des mages de Washington (National Gallery of Art) mais presque aussi animée que les deux Adoration des mages de Londres (The National Gallery), l'œuvre des Offices introduit le réalisme des portraits dans une composition caractérisée par la souplesse et la sinuosité de la ligne, par la subtilité complexe de la lumière et des rythmes chromatiques et parvient à associer représentation de cour et image sacrée.Sandro Botticelli, l'Adoration des mages (détail), 1476-1478. Détrempe sur bois, 111 × 134 cm. Galerie des Offices, Florence.
Agenzia LUISA RICCIARINI—MILANO
La première partie de la carrière du peintre est principalement marquée par les œuvres qu’il réalise pour les grandes familles florentines et, en premier lieu, pour les Médicis. Dans ce contexte, Sandro Botticelli peint des portraits comme celui, célèbre, de Julien de Médicis (v. 1478, National Gallery of Art, Washington) ou celui du Jeune homme tenant la médaille de Cosme de Médicis (v. 1470-1475, galerie des Offices), représenté tenant entre ses mains une pièce ornée de l’effigie de Cosme l’Ancien. L’Adoration des Mages de Florence (v. 1475, galerie des Offices) procure également à l’artiste l’occasion de représenter les figures illustres de la famille — Cosme montré serrant entre ses mains les pieds de l’Enfant Jésus, mais aussi Julien de Médicis ou Laurent le Magnifique. Ce thème, déjà traité dans un tondo (l’Adoration des Mages, v. 1470-1475, The National Gallery, Londres) est une nouvelle fois illustré par le peintre durant la décennie suivante (l’Adoration des Mages, 1481-1482, National Gallery of Art, Washington).
3.2 |
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Les œuvres allégoriques |
Botticelli, le Printemps : figures et symboles
Expression achevée du raffinement intellectuel de la cour florentine des Médicis, le Printemps de Sandro Botticelli a probablement été commandé par Lorenzo di Pierfrancesco de Médicis, cousin de Laurent le Magnifique. Exécuté en 1481, le Printemps est une mise en évidence de l’Idea artistique (le beau idéal), indissociable dans cet esprit de la Naissance de Vénus, peinte par Botticelli quelques années plus tard. L'œuvre est d’une grande virtuosité dans le traitement des drapés et des transparences, et d’une précision lyrique comme le soulignent les quelque cinq cents variétés de fleurs qui parsèment le sol de la scène. L’interférence complexe des mythes et la richesse des références allégoriques ont donné lieu, au cours des siècles, à de multiples interprétations du tableau.Sandro Botticelli, le Printemps, 1481. Détrempe sur bois, 203 × 314 cm. Galerie des Offices, Florence.
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À la cour de Laurent de Médicis, Sandro Botticelli fait notamment la connaissance des philosophes néoplatoniciens Marsile Ficin et Pic de la Mirandole. Il évolue alors dans une ambiance intellectuelle brillante et côtoie certains des plus grands humanistes et penseurs de son temps. Il développe une figuration qui cherche à atteindre une expression de l’Idea artistique (le beau idéal) et dont les plus célèbres exemples sont le Printemps (1481, galerie des Offices) et la Naissance de Vénus (v. 1485, galerie des Offices), deux panneaux commandés par l’un des cousins de Laurent le Magnifique, Lorenzo di Pierfrancesco de Médicis, pour sa demeure citadine avant d’être transférés dans la villa de Castello. Ces peintures font appel à un vaste et complexe réseau de références allégoriques et symboliques et leur compréhension est destinée à un cercle restreint d’initiés. Elles se caractérisent par la fluidité des formes, l’harmonie des courbes et le sentiment de grâce et de plénitude qui s’en dégage. Le cycle semble être complété par une troisième œuvre, Pallas et le Centaure (1482, galerie des Offices).
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Les œuvres narratives |
Entre 1481 et 1482, Sandro Botticelli effectue un séjour à Rome durant lequel il exécute pour le compte de Sixte IV trois fresques de la chapelle Sixtine illustrant respectivement les Épreuves de Moïse, la Punition des rebelles et la Tentation du Christ. Ces compositions, dont les sujets évoquent tous la continuité entre Ancien et Nouveau Testament, donnent au peintre l’occasion de mettre en œuvre ses talents narratifs.
Ceux-ci sont une nouvelle fois exploités dans un ensemble de quatre panneaux s’inspirant du Décaméron de Boccace. Illustrant l’Histoire de Nastagio degli Onesti (1482-1483, trois panneaux au musée du Prado, Madrid ; un appartenant à une collection privée, États-Unis), ils possèdent une dimension presque surnaturelle.
3.4 |
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Les œuvres d’inspiration religieuse |
Au cours des années passées au service des Médicis, Sandro Botticelli réalise également de nombreuses œuvres d’inspiration religieuse. On peut citer parmi elles les figures de Saint Sébastien (1474, Gemäldegalerie, Staatliche Museen, Berlin) au visage étrangement impassible et de Saint Augustin (v. 1480, fresque de l’église Ognissanti, Florence).
Sa production recèle en particulier un grand nombre d’admirables figures de Madones. Citons parmi les plus remarquables la Vierge et l’Enfant avec saint Jean-Baptiste enfant dite Vierge au rosier (1470-1475, musée du Louvre, Paris), le tondo de la Vierge à l’Enfant avec anges chanteurs (v. 1477, Gemäldegalerie, Staatliche Museen, Berlin), le tondo de la Vierge du Magnificat (1481-1485, galerie des Offices), la Vierge avec saints (1484-1485, Gemäldegalerie, Staatliche Museen, Berlin), le tondo de la Madone à la grenade (1487, galerie des Offices) et le Couronnement de la Vierge ou Retable de Saint-Marc (v. 1488-1490, galerie des Offices).
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CRISE SPIRITUELLE DES DERNIÈRES ANNÉES |
Le traitement des thèmes religieux prend une nouvelle dimension dans la dernière partie de la carrière de Botticelli. Celle-ci en effet est marquée par une importante crise spirituelle. Au cours des années 1490, les Médicis sont chassés de Florence tandis que le moine dominicain Jérôme Savonarole prêche l’austérité et une stricte réforme des comportements de ses contemporains. Le peintre se laisse bientôt séduire par les idées du prédicateur. Les œuvres produites dans ces années, empreintes d’une tonalité plus grave, témoignent d’une intense ferveur religieuse.
Les plus marquantes de ces réalisations sont la Pietà (1490, musée Poldi Pezzoli, Milan), dotée d’une composition d’une grande complexité, et la Nativité mystique (1501, The National Gallery, Londres). Au cours de cette période sont également réalisées la Calomnie inspirée de l’œuvre d’Apelle (v. 1495, galerie des Offices), la Crucifixion (1500, Fogg Art Museum, Cambridge, Massachusetts) ainsi qu’une série de peintures illustrant des histoires de femmes célèbres : l’Histoire de Lucrèce (1496-1504, Isabella Stewart Gardner Museum, Boston) ou l’Histoire de Virginie (v. 1504, Accademia Carrare, Bergame ; Isabella Stewart Gardner Museum, Boston). Ces peintures oublient toute référence à la culture humaniste et fournissent le témoignage de la tourmente spirituelle et du pessimisme grandissant qui habitent le peintre. Ce dernier réalise de 1490 à 1497 un ensemble de dessins illustrant la Divine Comédie de Dante (bibliothèque Vaticane et Cabinet des Estampes de Berlin).
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LA MANIÈRE DE BOTTICELLI |
Le style de Sandro Botticelli, dont la dimension mélancolique ne fait que se renforcer au fil des années, est continuellement servi par une grande maîtrise du dessin, par l’emploi de contours sinueux et de lignes ondulantes et fluides ainsi que par l’évocation de personnages dotés de canons allongés possédant une grâce et une élégance subtiles et raffinées. Illustrant par ses phases contradictoires l’importance des conflits spirituels qui agitent l’Italie de la fin du XVe siècle, l’art de Botticelli exerce une influence directe sur la manière de son unique élève Filippino Lippi, le fils de son ancien maître.
Filippino Lippi est sans doute le seul à s’inspirer de la touche de Sandro Botticelli, très vite oubliée au profit de la « manière nouvelle » proposée par des hommes tels que Léonard de Vinci, Michel-Ange ou Raphaël. Le maître florentin du « beau » idéal a été redécouvert au xixe siècle, notamment par les artistes britanniques se réclamant du mouvement préraphaélite.
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