mésolithique
Peintures rupestres de la Roca dels Moros (Espagne)
L'art rupestre peint du Levant espagnol est caractérisé par ses scènes « narratives », dévoilées dans une centaine d'abris et comptant au total plusieurs milliers de figures animales et humaines de couleur rouge et brune.Chasseurs et animaux, mésolithique, v. 6 000 av. J.-C. Peinture rupestre. La Roca dels Moros, Gogul (Espagne).
Archivo Fotografico Oronoz
mésolithique, période de l’histoire de l’humanité comprise entre le paléolithique et le néolithique et présentant des caractéristiques suffisamment distinctes de ces deux phases.
Ce terme, qui désigne des cultures européennes, est parfois appliqué, par parallélisme chronologique, à des cultures préhistoriques d’autres continents.
Le terme est forgé en 1873 par M. Reboux à partir des racines grecques mesos (« moyen ») et lithos (« pierre »). Mais il ne trouve une définition acceptée par tous les préhistoriens qu’en 1909 quand l’archéologue français Jacques de Morgan propose de l’appliquer aux industries lithiques comprises entre le magdalénien, industrie qui marque la fin du paléolithique supérieur, et le néolithique.
Au début du siècle, les scientifiques penchaient pour l’hypothèse d‘un hiatus entre les deux grandes périodes de la préhistoire, le paléolithique et le néolithique, mais les fouilles ont démontré la continuité des occupations humaines et leur évolution pendant cet intervalle. Vers 10000 av. J.-C., se produit le premier réchauffement de la fin de la période glaciaire, appelé oscillation d’Alleröd. Peu à peu s’installe un climat plus tempéré. La forêt se développe. La faune froide (mammouth, renne, bouquetin, etc.) se raréfie tandis que se multiplie la faune tempérée (sanglier, cerf, etc.) ; le mésolithique traduit l’adaptation à ce nouvel environnement. Mais les éléments de transition ne sont pas toujours facilement perceptibles. C’est pourquoi certains chercheurs, privilégiant la continuité des modes de vie, préfèrent parler d’épipaléolithique ou de prénéolithique pour désigner cette période. Pratiquement abandonné ailleurs, le terme d’épipaléolithique a été appliqué en Espagne par L. Péricot, et surtout en Afrique du Nord et au Sahara par L. Balout en 1952. Il occupe le hiatus entre la fin de l’atérien (20000 av. J.-C.) marqué par le début d’une grande désertification qui repousse les populations vers les régions plus humides, et le début du néolithique. Il a d’abord été subdivisé en Ibéromaursien (nord-ouest) et Capsien (nord et Sahara) puis fractionné de nouveau.
Les manifestations artistiques du mésolithique sont caractérisées par des figures géométriques ou schématiques gravées ou peintes (à l’ocre) sur les parois rocheuses, sur des galets ou des plaques de pierre et sur les objets. S’y ajoutent des pendeloques et des figurines sculptées (voir paléolithique, art).
Les cultures mésolithiques se distinguent par la miniaturisation et la géométrisation des outils de pierre — microlithes (trapèzes, triangles, microburins) — et par la présence d’armatures — petits silex pointus ou tranchants. L’époque est marquée par une régionalisation accrue des industries lithiques. Pour exploiter les nouvelles ressources animales, les hommes mettent au point un outillage original : hameçon d’os, nasse, filet et harpon pour la pêche, arc pour la chasse. L’arc permet une précision de tir et une force de pénétration du trait plus grandes que celles obtenues avec le propulseur du paléolithique supérieur. Les pointes de flèches sont souvent façonnées par la technique du microburin : fracturation oblique d’une lame obtenue par pression ou par percussion à partir d’une encoche.
À la fin des années soixante-dix, le préhistorien polonais S. K. Kozlowski définit trois grandes aires culturelles du mésolithique européen, qu’il nomme « kreis », c’est-à-dire « cercles ».
Le cercle nord-oriental s’étend de l’Oural au nord-ouest de la Pologne et du nord de l’Ukraine à la mer de Barents. Il se caractérise par un outillage réalisé à partir de fragmentations particulières de lames et de lamelles et par des pointes en os. Il regroupe les cultures de Kunda (ville d’Estonie), de Volga-Oka (du nom du fleuve et d’un de ses affluents), de Kama (affluent de la Volga) à laquelle s’apparente la culture voisine de Yangelka. Le site de Vis 1 — culture de Kunda — a livré quantité d’objets de bois, souvent décorés de motifs gravés, dont des skis, des patins de traîneau, des rames, parfaitement conservés dans les tourbières bordant la rivière Vis.
Le cercle septentrional couvre la Pologne, la Lituanie, la Biélorussie, le nord de l’Allemagne, le sud de la Suède, le Danemark, les Pays-Bas et l’Angleterre. Il a produit des grattoirs très courts et des lames servant de haches ou d’herminettes, un abondant outillage de bois de cervidés et d’os — dont les hameçons maglemosiens (de magle mose ou « grand marais » en danois) qui témoignent d’une nouvelle pratique de la pêche — ainsi que des parures et figurines d’ambre, dont la remarquable tête d’élan en ambre d’Egemarke. Les principales cultures du cercle septentrional sont la culture de Duvensee et le Maglemosien (Allemagne, Danemark, Suède, Pologne), la culture de Janislawice (Pologne, Biélorussie), et celle de Kongemose (Danemark, Suède).
Le cercle occidental englobe la République tchèque et la Slovaquie, l’Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne, la France et la péninsule Ibérique. Les outils lithiques caractéristiques sont des armatures géométriques, comme les lamelles à dos — petits projectiles à un seul bord tranchant. Les principales cultures du cercle occidental sont celles de l’Azilien, du Sauveterrien, du Castelnovien et du Tardenois.
L’Azilien s’étend de la Suisse aux monts Cantabriques espagnols. Il groupe de nombreux faciès régionaux dont le point commun est de présenter des galets gravés ou peints, comme ceux, célèbres, du Mas-d’Azil, le site éponyme ariégeois. Mais la multiplicité de ces groupes régionaux incite les chercheurs actuels à les particulariser et à réserver le terme d’Azilien à un groupe plus restreint, vivant dans les Pyrénées entre 9000 et 8000 av. J.-C., dont les productions typiques sont des harpons plats et des galets colorés.
Le Sauveterrien est caractérisé par un hypermicrolithisme géométrisé des armatures (triangle, segment de cercle, pointe). Cette tendance, née au sud de la France — le site éponyme se trouve dans le Lot-et-Garonne — et au nord de l’Italie vers 8000 av. J.-C., s’est étendue ensuite en Grande-Bretagne et en Europe du Nord.
Le Castelnovien — de Châteauneuf-lès-Martigues, Bouches-du-Rhône — s’est développé dans le sud-est de la France entre 6000 et 4700 av. J.-C. Grattoirs courts, lames, lamelles et technique du microburin caractérisent ce complexe culturel.
Le Tardenoisien rassemble des groupes occupant le centre et le nord du Bassin parisien d’environ 6000 à 4000 av. J.-C. Les grattoirs sont nombreux et les armatures caractéristiques, d’abord irrégulières, sont ensuite à encoches ou trapézoïdales.
Comme au paléolithique, les groupes se déplacent en fonction des saisons et des ressources disponibles. Ils sont, en revanche, plus réduits (une vingtaine de personnes contre plus d’une soixantaine au paléolithique), se dispersent plus largement et occupent tous les milieux. Les mésolithiques s’aventurent plus loin des côtes et s’implantent même en Corse.
Un petit campement de chasseurs a été retrouvé à l’Aulp-du-Seuil, vallon situé à 1 700 m dans le massif de la Grande-Chartreuse (Isère). Ces nouveaux modes de vie seraient dus au remplacement de la chasse au rabattage qui se fait en groupe et dans des endroits propices, par la chasse à l’arc, que l’homme peut pratiquer seul et n’importe où. On ignore si le chien aide le chasseur, mais le mésolithique correspond à l’époque de sa domestication.
La nourriture se compose de viande (aurochs, chevaux, élans, sangliers, cervidés, moutons, petits mammifères et oiseaux), de mollusques et coquillages, de poisson d’eau douce et de mer. La cuisson se fait sur des pierres chaudes ou à l’étouffée, selon la technique des « fours polynésiens ». De cette époque datent les premières traces de séchage, et probablement de fumage, de la viande et du poisson, éventuellement des coquillages, pour constituer des stocks. Fruits et graines sauvages figurent aussi au menu. Peut-être mieux nourrie, la population s’accroît. Elle est estimée, en France, à 50 000-75 000 personnes pour la période située entre 6500 et 5500 av. J.-C.
Les habitats, huttes en plein air ou abris-sous-roche, sont constitués d’assemblages de peaux, de pieux, de branches et de pierres. Plusieurs foyers y sont associés (voir feu).
Les sépultures exhumées sont plus nombreuses que pour les périodes antérieures et leur originalité tient au fait qu’elles sont parfois groupées. Sur la côte atlantique bretonne et portugaise, par exemple, des sites de nécropole et d’habitat, implantés sur les amas de coquillages rejetés après consommation ou préparation ont été découverts. Il existe aussi des tombes « architecturées » : coffres de pierre recouverts d’un petit tumulus. Les tombes sont construites pour recevoir un ou plusieurs corps, enterrés simultanément ou successivement, en position allongée ou fléchie, accompagnés d’ocre rouge, de pièces de viande, de bois de cerf, de parures de coquillages et de dents, et d’outils.
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