agriculture, origines de l'
agriculture, origines de l', naissance de la culture des plantes et de la domestication des animaux à l'époque préhistorique. L'origine de l'agriculture est généralement assimilée à la période du néolithique. Elle correspond à l'abandon de la vie nomadique du chasseur-cueilleur au profit d'une vie sédentaire, au développement de peuplements permanents et à la création des premiers ustensiles de cuisson et de stockage des aliments. Les débuts de l'agriculture, que l'on appelle parfois la « révolution néolithique », se sont produits il y a environ 10 000 ans au Proche-Orient, 8 000 ans en Chine et sans doute quelques milliers d'années plus tard en Europe.
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UNE RÉVOLUTION PROGRESSIVE |
Reconstitution d’un peuplement semi-permanent du paléolithique supérieur (site de Monte Verde, Chili)
Contrairement à l’opinion qui a longtemps prévalu, il est aujourd’hui admis que l’agriculture n’a pas précédé la sédentarisation, mais l’a suivie. En effet, de nombreuses découvertes attestent que l’installation de l’homme en peuplements semi-permanents, puis permanents, est plus ancienne que les premières modifications des plantes liées à la domestication. Ce sont ainsi des populations déjà installées en peuplements permanents et sédentaires qui, tout en continuant de pratiquer la chasse et la cueillette, ont commencé à planter des graines pour obtenir de nouveaux plants ; un mode de vie très certainement adopté par nécessité, les ressources alimentaires végétales autour des villages s’amenuisant, peut-être en raison d’une augmentation de la population.Cette illustration a été réalisée sur la base de vestiges d’un campement semi-permanent vieux d’environ 12 500 ans, mis au jour sur le site de Monte Verde, au Chili. Il atteste d’une présence humaine sur le continent sud-américain depuis au moins cette date. Selon la théorie la plus couramment admise actuellement, le peuplement du continent américain se serait réalisé au cours des 50 000 dernières années, à partir de nomades venus d’Asie par le détroit de Béring (soit à pied, soit en bateau), qui auraient ensuite colonisé progressivement le continent, du nord vers le sud.
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On a toujours considéré le développement de l'agriculture comme une révolution, marquée par l'adoption d'un nouveau mode de vie, fondé sur la pratique de la culture et de l'élevage par des peuples qui vivaient auparavant de chasse et de cueillette. Ce mode de vie a été adopté par nécessité car il offrait une meilleure disponibilité des ressources alimentaires. Il est aujourd'hui admis que des facteurs spécifiques influencèrent ce développement : amélioration des conditions environnementales, climat favorable à la fin de la période glaciaire et diminution des possibilités de chasse et de cueillette.
Le début de l'agriculture correspond à une évolution graduelle plutôt qu'à une révolution soudaine bien que, par rapport à l'immense durée de la préhistoire, ce nouveau mode de vie ait été adopté relativement vite. Les plantes et les animaux domestiqués n'ont pas constitué d'emblée des ressources alimentaires de base. Il semble au contraire, que les hommes soient devenus économiquement dépendants de ces espèces plusieurs siècles, voire plusieurs millénaires, après les étapes initiales de la domestication et l'on reconnaît l'existence de nombreuses étapes de « semi-domestication » et de changements cumulatifs dans les relations entre les êtres humains et les ressources naturelles. L'agriculture n'a remplacé que progressivement la cueillette et, dans de nombreuses régions du monde, la chasse, la pêche et la cueillette ont persisté longtemps après l'introduction ou l'adoption des espèces domestiquées. Il est par conséquent impossible de désigner avec précision une époque ou un endroit où la domestication d'une espèce a débuté. Pour cette raison, l'« origine de l'agriculture » ne peut être exactement identifiée.
Les chasseurs-cueilleurs n'ignoraient sans doute pas les principes de l'agriculture et de l'élevage. Par exemple, ils devaient savoir que des graines semées à certains moments de l'année produisent une récolte utilisable, et ils ont sans doute occasionnellement organisé leurs déplacements en fonction des meilleures possibilités de cueillette. Ils ont sans doute aussi adopté des moyens permettant de protéger les ressources animales, évitant par exemple, de tuer les jeunes animaux ou les femelles. Essentiellement nomadiques, ces chasseurs n'étaient cependant pas liés à la vie sédentaire ou aux labeurs que nécessitent les cultures tout au long de l'année.
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LES INDICES DE LA DOMESTICATION |
Le statut des espèces est déterminant pour identifier la manière, le moment et le lieu où apparut l'agriculture, au sens le plus large. En d'autres termes, les plantes et les animaux sur lesquels des études archéologiques ont été menées, et dont les restes suggèrent une domestication, étaient-ils réellement domestiqués ? S'agissant des plantes, la distinction entre les formes sauvages et les formes cultivées n'est pas toujours claire et, même lorsqu'une différence est visible, des interrogations demeurent toujours. Cependant, les céréales cultivées sont très faciles à distinguer des céréales sauvages. On remarque la réduction de la tige qui facilitait la dispersion des graines par les agents naturels. Ce changement dans la morphologie est le résultat direct du développement intentionnel par sélection des variétés de plantes qui conservent leurs graines jusqu'à ce qu'elles puissent être récoltées. De récentes mesures des taux de domestication, effectuées sur des blés et des orges sauvages sous des cultures primitives, suggèrent que la transition entre l'état sauvage et l'état domestiqué aurait pu se produire en 20 à 200 ans.
S'agissant des animaux, la mise en évidence d'une pratique de croisement sélectif pourra constituer un marqueur de la domestication, fondé sur l'étude de la différence entre les caractères physiques des espèces sauvages et ceux des espèces domestiquées. Cette distinction est généralement mesurée en comparant les changements intervenus sur les os et les dents (comme la réduction de la taille de la mâchoire), mais les experts ne parviennent pas à s'accorder sur les changements physiques qui indiquent réellement une domestication. De plus, il faut tenir compte de l'existence de tout un éventail de relations entre les humains et les animaux, comme l'apprivoisement, le contrôle relatif d'animaux en liberté, la constitution de troupeaux et la gestion du bétail sans croisement sélectif. Enfin, de même que pour les plantes, nous n'avons aucune idée du temps qu'il a fallu à ces changements pour devenir apparents après l'établissement de la domestication.
Les herbivores sauvages sont extrêmement faciles à maîtriser, et les chasseurs-cueilleurs, connaissant parfaitement leurs habitudes, auraient sans doute été capables de les contrôler, voire de les mettre en enclos. On dispose de quelques indices qui prouveraient que des animaux aient été « domestiqués » pendant la période glaciaire. En France, par exemple, des peintures, datant d'environ 14 000 ans, semblent représenter des chevaux équipés de brides. On sait aussi avec certitude que le chien fut domestiqué en Eurasie à peu près à la même période, sans doute comme animal de compagnie et de protection, et d'aide à la chasse.
Au Proche-Orient, les moutons et les chèvres auraient été domestiqués il y a environ 9 000 ans. Ils ont peu à peu remplacé comme principale source de viande la gazelle, chassée depuis longtemps dans la région et peut-être même gardée en troupeaux. Ces deux espèces animales furent sans doute choisies en raison de leur aptitude à brouter une plus large gamme de plantes, la zone de pâturage pouvant donc supporter un plus grand nombre d'animaux. Ces animaux domestiques furent graduellement introduits en Europe et se répandirent le long des côtes méditerranéennes pendant la période néolithique. Il est possible que les porcs aient été domestiqués en Turquie et en Chine plusieurs siècles auparavant. Ils ont ensuite été introduits en Eurasie sous leur forme domestiquée, une forme plus petite et plus docile que le sanglier.
De récentes études de l'ADN (voir Acides nucléiques) du bétail de trois continents ont permis de réfuter l'idée que leur domestication soit issue d'un seul centre au Proche-Orient. En fait, les découvertes des biologistes indiquent que la domestication des bœufs sauvages a eu lieu à au moins deux endroits distincts : l'un dans le sud-ouest de la Turquie, l'autre à l'est du désert irakien, avec peut-être un troisième centre en Afrique. Les différences génétiques constatées entre les groupes sont en effet trop importantes pour que tous puissent avoir un ancêtre commun, vieux de 10 000 ans. Ces bœufs, doivent donc être issus de plusieurs races sauvages domestiquées indépendamment les unes des autres. Les éleveurs de bœufs ne s'établirent pas en Afrique australe avant l'an 1000 apr. J.-C., peut-être parce que les autochtones avaient une intolérance biologique au lactose (sucre du lait).
Des archéologues ont suggéré la survenue d'un changement capital aux environs de l'an 3500 av. J.-C. dans certaines régions de l'Ancien Monde. À cette date, les animaux domestiques ne furent plus exploités uniquement pour leurs matières premières (viande et peau), mais aussi pour les matières secondaires, comme le lait, le fromage et la laine, et ils devinrent également des bêtes de somme. Sur ce point, les indices archéologiques sont confirmés par des sculptures et des gravures découvertes sur des stèles de Mésopotamie, qui montrent des activités de labourage et de traite ainsi que des charrettes (sans doute tirées par des bœufs). Ce changement, tout comme la première apparition de l'agriculture, semble avoir été accompagné d'une augmentation de la population. Cet accroissement a été rendu possible par la colonisation de nouveaux environnements et par l'exploitation du bétail de manière plus intensive. Des recherches effectuées en Europe centrale sur l'âge et le sexe du bétail, à partir d'ossements trouvés dans d'anciens sites d'occupation humaine, mais aussi sur ce qui semble être des passoires en argile utilisées pour faire du fromage, ont démontré que l'élevage laitier existait déjà à cet endroit 5 400 ans av. J.-C.
Il existait moins d'animaux susceptibles d'être domestiqués dans le Nouveau Monde, mais on sait que les lamas et les alpagas furent domestiqués dès 5 400 ans av. J.-C. pour leur laine et en tant que bêtes de somme, mais aussi pour leur chair. Les cochons d'Inde étaient élevés pour la viande en Amérique du Sud, tout comme les dindons au Mexique. Les chiens, qui furent domestiqués dans le Nouveau Monde à la même époque que dans l'Ancien Monde, semblent avoir été surtout utilisés pour leur viande.
Épi de maïs primitif
Les plants de maïs primitifs n'étaient pas très productifs. L'amélioration des plantes a considérablement accru la taille des grains et le nombre de grains par épi.
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Le blé, l'orge et des légumes tels que les pois et les lentilles, furent d'abord cultivés au Proche-Orient puis introduits en Europe. À la fin de la période glaciaire, des graminées à gros grains, les ancêtres de nos céréales, firent également leur apparition. Un site près de la mer de Galilée en Israël, a produit les plus vieux grains de céréales au monde. On y a découvert les restes carbonisés de centaines de grains de blé sauvage et d'orge datant de 19 000 ans, de nombreux autres fruits et plantes, et un large assortiment de faunes indiquant l'existence d'une économie diversifiée fondée sur la pêche, la chasse et la cueillette. Des archéologues pensent que la collecte des céréales trouve ses origines à l'époque du Natoufien, il y a 12 500-10 000 ans et que ces récoltes se sont peu à peu intensifiées pour devenir une culture délibérée. Des vestiges à Jéricho notamment, indiquent l'existence de cultures de céréales et de légumes à la fin de cette période. Des marques d'usure caractéristiques sur des outils de pierre, trouvés dans la vallée du Jourdain, suggèrent également une culture à petite échelle de céréales de type sauvage. En effet, la récolte des céréales laisse un « poli » très reconnaissable sur les lames de silex utilisées pour couper les tiges. Les chasseurs-cueilleurs devinrent de plus en plus dépendants de cette source de nourriture, facile à entreposer, qu'ils récoltaient au moyen de couteaux de silex et broyaient pour obtenir de la farine. On pense qu'ils commencèrent à semer quelques grains pour améliorer l'étendue ou la densité de la croissance de ces plantes, et qu'ils semèrent plus tard ces céréales à l'extérieur de leur habitat naturel. Puis, il y a 10 000 ans, des formes domestiquées apparurent, avec des grains plus gros et un épi plus robuste, qui ne s'ouvrait pas en mûrissant, évitant ainsi la perte des grains avant le battage. L'olivier, qui devint une des plantes les plus importantes dans l'économie du bassin méditerranéen, était probablement déjà cultivé il y a environ 8 000 ans.
Des meules et des lames de faucilles datant d'il y a 18 000 à 11 000 ans, découvertes dans la vallée du Nil, révèlent des activités de récolte intensives et une alimentation utilisant des produits végétaux. Des espèces indigènes comme le sorgho et le mil (et peut-être le riz africain) étaient cultivées en Afrique du Nord dès 6 000 ans av. J.-C. (bien que l'époque et le lieu de leur première domestication soient encore incertains). Le blé et l'orge furent importés d'Asie occidentale à peu près à cette époque. Ils se répandirent le long de la vallée du Nil, en même temps que l'usage de la charrue, mais n'arrivèrent pas jusqu'aux tropiques où les tubercules et les arbres étaient cultivés.
Outils agricoles néolithiques
Ces outils agricoles datent de 6000 av. J.-C.En bas, une hache, qui servait à défricher les zones à mettre en culture ; à gauche, des faucilles (manches en bois et lames en silex) pour moissonner les céréales ; au centre, une pierre plate et un galet rond pour écraser les graines en farines ; en haut à droite, une plaque perforée qui était probablement utilisée pour ventiler les fours à pain.
Dorling Kindersley
Le riz, le mil et d'autres céréales étaient cultivés en Asie du Sud et de l'Est. En Chine septentrionale, le mil et le chou étaient cultivés dans des villages, il y a 8 500 à 7 000 ans. La culture de l'orge a pu intervenir en Chine, il y a plus de 4 000 ans, indépendamment de celle qui eut lieu en Asie occidentale. Ces cultures s'étendirent à la Corée et au Japon au cours du millénaire suivant. L'endroit précis où débuta la culture du riz n'a pas encore été déterminé car il est très difficile de différencier le riz sauvage du riz cultivé. Toutefois, il semble que la culture du riz en rizière était bien implantée dans le sud de la Chine, il y a 7 000 ans. Cela indique que les étapes initiales de sa domestication ont certainement pris place beaucoup plus tôt. La culture du riz s'est répandue dans le nord de la Chine, il y a 5 000 ans et atteignit la Corée et le Japon environ 1 000 ans plus tard.
Des traces de pollen, et d'autres éléments botaniques, suggèrent que le maïs est apparu en Amérique du Sud il y a plus de 8 000 ans. On ne dispose toutefois d'aucune preuve archéologique solide de sa culture dans le Nouveau Monde pour des périodes antérieures à 5 600 ans. La vallée de Tehuantepec, au Mexique, fut l'un des premiers centres agricoles. Plus d'une centaine d'espèces de plantes, dont le haricot, la courge, la pomme de terre, la tomate et le manioc, étaient cultivées. Les épis de maïs datant du début de cette époque sont petits, mais leur taille s'accroît progressivement au cours des périodes suivantes. On pense que son ancêtre sauvage était la téosinte, une graminée originaire de certaines régions du Mexique, mais le foyer originel de la culture du maïs n'est pas encore connu. La courge, l'avocat, la pomme de terre, le poivron, le haricot et la calebasse auraient également pu être cultivés avant le maïs, peut-être même depuis 10 000 ans. Toutefois, les légumes ne prirent une place importante dans le régime alimentaire humain que très progressivement.
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