Encarta 2008 - Léonard de Vinci
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Léonard de Vinci

1   PRÉSENTATION

Léonard de Vinci, la Joconde
Léonard saisit l'occasion d'un portrait pour mener une réflexion sur le rapport entre le fond et le motif, entre l'univers (le paysage) et un détail qu'il en extrait (la femme). Portrait présumé de Mona Lisa, épouse du marquis Francesco del Giocondo, l'œuvre a été acquise par François Ier.Léonard de Vinci, la Joconde, 1503-1506. Huile sur bois, 77 × 53 cm. Département des peintures, musée du Louvre, Paris.
Bridgeman Art Library, London/New York

Léonard de Vinci (1452-1519), artiste et humaniste florentin, à la fois peintre, sculpteur, architecte, ingénieur et scientifique.

Incarnation de « l’homme universel » de la Renaissance, Léonard de Vinci est l’un des premiers artistes à avoir expérimenté tous les domaines de la connaissance. La passion qu’il a vouée au savoir et à la recherche scientifique transparaît nettement dans son œuvre, tant artistique que théorique.

Ce génie à l’esprit en constante effervescence, original et indépendant, a laissé une œuvre picturale rare (moins de vingt toiles sont parvenues jusqu’à nous). Cependant, comme le souligne l’historien de l’art André Chastel, l’homme et son œuvre ont été « épiés à chaque mouvement, surveillés et exploités avec une ferveur inquiétante », à l’instar des figures de sa célèbre Joconde et de son « homme vitruvien ».

2   LÉONARD DE VINCI OU L’HISTOIRE D’UN GÉNIE
2.1   Les années de formation à Florence

Né le 15 avril 1452 dans la petite ville toscane de Vinci, près de Florence, Leonardo di Ser Piero da Vinci, dit Léonard de Vinci, est le fils naturel d’un notaire florentin promis à une brillante carrière et de Caterina, une jeune paysanne. Au milieu des années 1460, le jeune garçon — jusqu’alors élevé dans la campagne toscane par ses grands-parents paternels — rejoint son père à Florence.

2.1.1   L’élève de Verrocchio

Ne pouvant prétendre, du fait de sa naissance, aux carrières prestigieuses de la finance, du droit ou de la médecine, Léonard entre vers 1466 comme apprenti (garzone) dans l’atelier de Verrocchio — où il a pour compagnons Sandro Botticelli, Domenico Ghirlandaio et le Pérugin. C’est là que Léonard fait l’apprentissage de diverses activités, depuis la peinture de retables et de panneaux jusqu’à la sculpture monumentale de marbre ou de bronze.

En 1472, il est admis au sein de la confrérie des peintres de Florence — il figure toujours comme assistant de Verrocchio en 1476. De ces années de collaboration avec son maître, les historiens de l’art s’accordent à lui attribuer l’ange agenouillé dans la partie gauche du Baptême du Christ de Verrocchio (v. 1473-1476, galerie des Offices, Florence).

2.1.2   Premières commandes personnelles

À partir de 1478, Léonard devient un artiste indépendant. Sa première commande, un retable pour la chapelle du Palazzo Vecchio, n’a jamais été exécutée. De cette première époque florentine, encore fortement imprégnée de la manière de Verrocchio, datent le Portrait de Ginevra Benci (datation controversée entre 1474 et 1478, National Gallery of Art, Washington), l’Annonciation autrefois attribuée à Domenico Ghirlandaio (datation controversée entre 1475 et 1480, galerie des Offices, Florence), la Madone Benois (v. 1478-1480, musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg) et deux tableaux inachevés : Saint Jérôme (v. 1481, pinacothèque du Vatican, Rome) et l’Adoration des Mages (v. 1481, galerie des Offices, Florence). Ces commandes non honorées sont les premières d’une longue liste, et le manque de ténacité de Léonard va bientôt ternir aux yeux de certains le génie de l’artiste.

2.2   Les années milanaises au service des Sforza

Vers 1482, Léonard de Vinci entre au service de Ludovico Sforza, duc de Milan, qui a été séduit par les talents d’ingénierie militaire de l’artiste. Pour le duc de Milan, il s’occupe notamment d’ingénierie, de travaux hydrauliques, de poliorcétique, d’architecture et d’urbanisme. La pratique artistique n’est selon lui que l’une des nombreuses manières de découvrir le monde et de soumettre le savoir à l’expérience.

2.2.1   Les différentes versions de la Vierge aux rochers

Léonard de Vinci, la Vierge aux rochers
Première œuvre de Léonard composée selon la technique du sfumato, la Vierge aux rochers fut commandée par la confrérie de l'Immaculée Conception de Milan. L'intérieur très sombre de la grotte est opposé au paysage, d'une grande luminosité. Il existe deux versions du tableau, la première, exécutée entre 1483 et 1485, étant conservée au musée du Louvre.Léonard de Vinci, Vierge aux rochers, v. 1503-1506. Huile sur bois, 189,5 × 120 cm. The National Gallery, Londres.
Bridgeman Art Library, London/New York

Le début de sa période milanaise est marqué par une œuvre essentielle, la Vierge aux rochers, dont il existe deux versions (la première, exécutée vers 1483, est conservée au musée du Louvre de Paris ; la seconde, réalisée entre les années 1503 et 1506, se trouve à la National Gallery de Londres). Outre sa composition spatiale très particulière, ce tableau se caractérise par l’emploi d’une perspective aérienne originale, formulée par Léonard et aujourd’hui connue sous le nom de sfumato.

Peu après, il exécute pour la cour ducale le Portrait de Cecilia Gallerani, dit la Dame à l’hermine (v. 1490, musée Czartorycki, Cracovie), le Portrait d’une dame, dit la Belle Ferronnière (v. 1490, musée du Louvre) et probablement la Madone Litta (1490-1491, musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg).

2.2.2   La Cène de Santa Maria delle Grazie

Léonard de Vinci, la Cène (avant et après restauration)
La Cène de Léonard de Vinci représente l’instant qui suit la prédiction par le Christ de la trahison d’un des apôtres, dont sont dépeintes les réactions à travers la gestuelle, l’expression des visages et la position des corps. Le critique et historien de l'art Giorgio Vasari raconte que Léonard de Vinci a longuement étudié le comportement et la gestualité des sourds-muets pour parvenir à peindre avec un maximum de précision les émotions très physiques qui se dégagent des personnages.Commandée par le duc de Milan, la composition de Léonard est construite autour de la figure du Christ, qui prend place à l'intersection de toutes les lignes de fuite. Pour réaliser la Cène, Léonard de Vinci a mis au point une technique inédite qui s'est rapidement révélée d’une extrême fragilité. La dégradation de la fresque a nécessité au cours de l’histoire de nombreux travaux de rénovation qui, cependant, ne sont jamais parvenus à restituer durablement la beauté originelle de l'œuvre. Toutefois, grâce aux travaux qui se sont achevés en 1999, le chef-d'œuvre de Léonard de Vinci a retrouvé une fraîcheur des couleurs et la finesse des multiples détails dépeints par l'artiste.Léonard de Vinci, la Cène, 1495-1497. 460 × 880 cm. Réfectoire du monastère Santa Maria delle Grazie, Milan.
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De 1495 à 1497, Léonard de Vinci travaille à la Cène, une vaste fresque murale destinée au réfectoire du monastère de Santa Maria delle Grazie, à Milan. La Cène n’illustre pas seulement l’épisode éponyme des Évangiles, mais tente de restituer la diversité des réactions des apôtres lorsque Jésus leur annonce que l’un d’entre eux va le trahir. La composition est tout entière conçue pour magnifier la portée spirituelle de la figure du Christ, représentée dans un isolement symbolisant la dimension tragique et grandiose de son destin. « Le caractère divin de la peinture fait que l’esprit du peintre se transforme en une image de l’esprit de Dieu. » (Traité de la peinture) : sans doute cette réflexion postérieure du peintre s’applique-t-elle à la composition de ce chef d’œuvre.

Cependant, la technique que Léonard expérimente pour la Cène (tempera à l’œuf sur un arriccio très épais) ne permet pas une bonne conservation de l’œuvre. Depuis 1726, de nombreuses tentatives de restauration ont été entreprises, aggravant parfois son état. Toutefois entre 1977 et 1999, un programme conjoint de restauration et de conservation a permis de retrouver les couleurs d’origine et des détails jusqu’ici masqués.

2.2.3   Dernières commandes non honorées des Sforza

Au cours de son long séjour à Milan, Léonard de Vinci se montre très actif, laissant de nombreux tableaux et dessins (dont la plupart ont été perdus), des plans de théâtre, des planches architecturales et des modèles pour le dôme de la cathédrale de Milan. Il reçoit une commande pour un colossal monument de bronze à la gloire de Francesco Sforza, père de Ludovico, destiné à la cour du Castello Sforzesco. L’œuvre, connue par des dessins (v. 1490, château de Windsor, Grande-Bretagne), ne voit finalement jamais le jour. Lorsqu’en décembre 1499, la famille Sforza est chassée de Milan par les troupes françaises, le modèle grandeur nature de la statue est détruit. Léonard fuit la ville.

2.3   Les années de maturité
2.3.1   La consécration artistique du Florentin : la naissance de la Joconde

Établi à Florence entre 1500 et 1506, le maître voyage beaucoup dans les environs. C’est par exemple au cours d’un voyage à Mantoue qu’il effectue le portrait d’Isabelle d’Este (1500, musée du Louvre).

L’année 1502, Léonard est à Ferrare, au service de César Borgia, duc de Romagne et général en chef des armées du pape Alexandre VI, son père illégitime. En tant qu’architecte et ingénieur en chef, Léonard supervise les travaux des forteresses dans les territoires ecclésiastiques du centre de l’Italie.

À Florence, la Seigneurie charge Léonard de représenter la Bataille d’Anghiari dans la salle du grand conseil du Palazzo Vecchio qui doit faire pendant à la Bataille de Cascina confiée à Michel-Ange à la même époque — on connaît aujourd’hui ces œuvres par des copies des cartons, la plus connue étant due à Rubens (v. 1615, musée du Louvre). En janvier 1504, Léonard siège à la commission qui doit décider du lieu d’exposition du David de Michel-Ange (1501-1504, galleria dell’Accademia, Florence). Il prend également part, comme ingénieur, à la guerre contre Pise.

Léonard de Vinci exécute plusieurs portraits au cours de cette seconde période florentine dont celui de la Joconde (1503-1506, musée du Louvre), le seul qui soit parvenu jusqu’à nous. Ce tableau constitue le témoignage le plus direct de la poétique de la natura naturans selon Léonard. Commande du marquis Francesco del Giocondo, l’œuvre figurant un énigmatique portrait de son épouse Mona Lisa n’a pas été terminée dans les temps, ce qui a permis à l’artiste de la conserver jalousement dans ses trésors personnels.

2.3.2   Le peintre des plus grandes cours d’Europe

En 1506, Léonard demande un congé temporaire à la République florentine afin de se rendre à Milan pour y régler quelques affaires restées en suspens. Appuyé par son roi Louis XII (qui réside alors à Milan), le gouverneur Charles d’Amboise demande à l’artiste de prolonger son séjour. L’année suivante, Léonard est nommé peintre et ingénieur ordinaire de la cour de Louis XII. Il réalise les dessins du Monument équestre à G. G. Trivulce, commandeur des forces françaises de la ville (inachevé ; études et dessins à la Wallace Collection de Londres). De cette époque datent également la seconde version de la Vierge aux rochers (v. 1503-1506, The National Gallery, Londres), Léda et le cygne (v. 1505-1510, œuvre perdue) et la Vierge, l’Enfant Jésus et sainte Anne (v. 1510, musée du Louvre). En 1513, la restauration des Sforza oblige le peintre, politiquement compromis, à quitter Milan.

De 1513 à 1516, Léonard de Vinci vit à Rome sous la protection de Julien de Médicis, le frère du pape Léon X — qui pour sa part lui préfère des artistes comme Raphaël, Bramante ou Michel-Ange. Il réside dans le palais du Belvédère, au Vatican, et semble se consacrer essentiellement à des expériences scientifiques. N’ayant conquis que son mécène (lequel aurait pourtant dit de lui : « Cet homme ne sait qu’imaginer, il est incapable de créer ! »), Léonard quitte Rome à la mort de ce dernier.

2.3.3   L’ultime invitation : François Ier

Sur l’invitation du roi François Ier, l’artiste se rend en France en 1516, avec plusieurs de ses toiles dont la Joconde (1503-1506, musée du Louvre), la Vierge, l’Enfant Jésus et sainte Anne (v. 1510, musée du Louvre) et sa dernière œuvre, Saint Jean-Baptiste (v. 1515, musée du Louvre). Doté d’une belle pension et du titre de « premier peintre, ingénieur et architecte du roi », il reçoit commande de plusieurs travaux, dont le projet de construction du château de Chambord. Il passe les dernières années de sa vie au château de Cloux (aujourd’hui le Clos-Lucé, près d’Amboise), où il meurt à l’âge de 67 ans.

Par voie testamentaire, ses deux assistants et fidèles amis — Giacomo Caprotti, surnommé « Salaï » (petit diable), et Francesco Melzi — reçoivent respectivement plusieurs peintures et toutes les notes de l’artiste.

3   LÉONARD DE VINCI, « L’HOMME UNIVERSEL »
3.1   Un théoricien de la peinture
3.1.1   Innovations stylistiques

À ses débuts, Léonard de Vinci se conforme au style de son maître Verrocchio. Progressivement, il se démarque de cette technique de représentation rigide des personnages pour définir sa propre conception d’une composition plus philosophique, où les figures humaines deviennent acteurs de la nature. La manière de Vinci est déjà perceptible dans l’ange qu’il a exécuté pour le Baptême du Christ de Verrocchio : à la sécheresse d’exécution du maître s’oppose un trait plus délicat. Le critique Giorgio Vasari dans ses Vite évoque à ce propos la violente réaction de Verrocchio à la vue du travail de son élève ; le maître aurait en effet, après avoir constaté la supériorité de son talentueux apprenti, refusé de toucher de nouveau à un pinceau et se serait dès lors consacré à la sculpture.

Les innovations stylistiques de Léonard apparaissent avec encore plus de force dans la Cène, qui lui permet de revisiter totalement un thème traditionnel. Au lieu de présenter les douze apôtres comme des personnages individuels, il les divise en groupes dynamiques de trois, encadrant la figure du Christ, isolée au centre du tableau. À l’arrière-plan, un paysage pâle et distant, vu à travers une ouverture rectangulaire dans le mur, situe l’événement dans la nature. Léonard de Vinci renoue alors le dialogue avec un style introduit plus d’une génération auparavant par Masaccio.

3.1.2   Innovations techniques

La grande innovation technique de Léonard est le sfumato. Cette technique se caractérise par une transition extrêmement subtile — presque infinitésimale — entre les différentes zones de couleurs, créant une sorte de brume délicate ou d’effet vaporeux. Il allie au sfumato la technique du clair-obscur, qui consiste à modeler et à définir les formes par les contrastes de lumière et d’ombre et à opposer certaines zones de la surface peinte entre elles ; pour lui, « l’ombre est plus puissante que la lumière ».

Son traitement des paysages est également caractéristique. L’un des premiers à introduire la technique de la perspective atmosphérique, il affirme que la peinture n’est pas une simple imitation mais plutôt une recréation de la nature ; en ce sens, la peinture est un art supérieur, une activité intellectuelle que ne peuvent égaler la poésie et la musique. Ses notes sur la science et la pratique de la peinture ont été rassemblées après sa mort et publiées sous le titre de Trattato della pittura (Traité de la peinture).

Les plus grands maîtres de la Renaissance florentine — comme Raphaël, Andrea del Sarto ou Fra Bartolomeo — lui sont tous redevables. Son œuvre a également une incidence remarquable sur la pratique de la peinture dans l’Italie septentrionale et a exercé, à Parme, une influence déterminante sur le travail du Corrège.

3.1.3   Les dessins, un témoignage de la maîtrise tridimensionnelle

Quatre caricatures
Quatre caricatures à la plume, par Léonard de Vinci.
Bridgeman Art Library, London/New York

Les nombreux dessins de Vinci parvenus jusqu’à nous révèlent son génie du trait et sa maîtrise de l’anatomie humaine, animale ou végétale. Ils se trouvent aujourd’hui disséminés dans les principales collections européennes. Le château de Windsor, en Grande-Bretagne, en réunit le plus grand nombre. Le plus célèbre de ses dessins est sans doute le splendide autoportrait en vieillard (v. 1510-1513, Biblioteca Reale, Turin).

Il ne subsiste pas de sculptures de Léonard ; la plupart de ses projets n’ont pas abouti ou ses œuvres ont été détruites. On ne peut donc juger de son approche de l’art tridimensionnel qu’à travers les dessins qu’il a laissés. On peut appliquer les mêmes réserves à son architecture, car aucun des bâtiments qu’il a conçus n’a vraiment été exécuté selon ses principes.

3.2   Un homme de sciences

Tout comme ses recherches et innovations artistiques, les théories scientifiques de Léonard de Vinci se fondent sur une observation méticuleuse et une documentation précise. De même, en science comme en art, le génie abandonne souvent ses travaux pour passer à de nouveaux projets. Cependant, même si sa démarche n’est pas aussi scientifique que celle de Nicolas Copernic ou de Galilée, Léonard a lancé de nombreuses pistes d’étude sur des théories et / ou réalisations ultérieures.

On ne possède pas de traité complet rédigé de sa main. Son apport théorique réside en des notes assemblées dans de nombreux carnets, écrites de droite à gauche dans un langage crypté afin de protéger ses inventions. Ces textes sont aujourd’hui répartis entre la bibliothèque du Vatican (Rome), celle de l’Institut de France (Paris), la British Library (Londres), la Bibliothèque nationale (Madrid) et la collection particulière de William Gates III (Seattle).

3.2.1   Principe des lois universelles

Léonard de Vinci, Étude de proportions du corps humain selon Vitruve
Dessin à la plume tiré du De Architectura de Vitruve, l'Étude de proportions du corps humain selon Vitruve de Léonard de Vinci a appartenu à la collection d’œuvres d’art graphique de Giuseppe Bossia avant d'être rachetée en 1822 par les gallerie dell’Accademia de Venise.Léonard de Vinci, Étude de proportions du corps humain selon Vitruve. Dessin à la plume. Gallerie dell'Accademia, Venise.
Scala/Art Resource, NY

Ses centres d’intérêt scientifique sont multiples : la lumière, la mécanique, l’hydraulique, l’architecture, la biologie, etc. Vers l’âge de 30 ans, alors qu’il est à Milan à la cour du duc de Sforza, Léonard réalise que tout son savoir est lié, que tout réside dans des lois universelles. Ainsi, faisant une analogie entre mathématiques et biologie, il travaille à l’étude du corps humain qu’il parvient à inscrire dans un cercle parfait : c’est le célèbre dessin de « l’homme vitruvien » que Léonard effectue pour le traité de Luca Pacioli, De divina proportione (1496).

Parallèlement, Léonard pratique la dissection de cadavres animaux et humains, ce qui lui permet de mieux saisir les liens, les articulations et les mouvements du corps. Il s’attèle alors à retranscrire avec grand soin les os, les nerfs, les muscles et leurs points de liaison. Dans ce domaine qu’est l’anatomie, Léonard s’intéresse plus particulièrement à l’étude de la circulation du sang et à l’action de l’œil — pour lui, l’observation est, avec l’intelligence, l’élément primordial du savoir. De même, il rapproche la science, la technique et l’art pour étudier le vol de l’oiseau, qui lui paraît reproductible grâce aux lois mathématiques ; de nombreux croquis de machines volantes parsèment les notes de ce génie de la Renaissance et, bien que rien n’atteste qu’il a construit l’un de ces engins, ces croquis contiennent en germe plusieurs principes aérodynamiques.

3.2.2   Analogie entre macrocosme et microcosme

Croquis de Léonard de Vinci
Les théories scientifiques de Léonard de Vinci se fondaient sur une observation approfondie de la nature. L'artiste imagina de nombreuses machines volantes, notamment l'ornithoptère, dont le mécanisme s'inspirait du vol des oiseaux.
NASA/Photo Researchers, Inc.

Au terme de sa réflexion analogique, Léonard de Vinci affirme que macrocosme et microcosme suivent des lois similaires. Ainsi, la Terre (macrocosme) serait un organisme vivant au même titre que le corps humain (microcosme). Selon lui, le flux et le reflux de la mer correspondraient à une respiration terrestre, proche de celle du corps humain ; les rivières seraient les veines alimentant tout un système d’irrigation de cet organisme. Passionné par la nature et ses forces, il se consacre plus particulièrement à un traité sur la nature touchant essentiellement à l’étude de l’eau et de ses mouvements. C’est dans ce cadre qu’il figure parmi les pionniers de l’hydraulique, concepteur de plans de canalisation des rivières (qui ont encore une valeur pratique) et probablement inventeur de l’hydromètre. Il met au point les plans de nombreuses machines, restant le plus souvent à l’état théorique, comme le scaphandre.

Projet de bicyclette de Léonard de Vinci
Parmi les plans des nombreuses machines inventées par Léonard de Vinci figurent ceux d'un engin à deux roues, ancêtre de la bicyclette. Le modèle en bois présenté ici a été réalisé pour un musée, selon les croquis originaux du génial inventeur.
Owen Franken/Corbis

Son intérêt pour la peinture l’amène à se concentrer sur les différentes phases de la Lune. Parallèlement, par ses travaux en astronomie, il arrive à la conclusion (erronée) que la Lune ne peut être lumineuse que parce qu’elle est recouverte d’eau réfléchissant les rayons du Soleil. Enfin, ses études sur la météorologie et la géologie lui ont fait entrevoir la conception moderne de la formation des continents et présumer l’origine des coquillages fossilisés.

Artiste de génie, scientifique curieux et inventeur inlassable, Léonard de Vinci mérite sans doute plus que tout autre le titre d’Homo Universalis, « homme universel ».

 
 
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