transition démographique
transition démographique, phase de mutation par laquelle une population passe d’un régime démographique de type traditionnel (caractérisé par des taux de natalité et de mortalité élevés) à un régime démographique de type moderne (marqué par une natalité et une mortalité faibles).
Dans les deux cas, l’accroissement naturel est lent et la population augmente peu. Le passage de l’un à l’autre, en revanche, se traduit par une véritable explosion démographique.
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UN MODÈLE D’ÉVOLUTION THÉORIQUE |
La transition démographique est un modèle d’évolution reposant sur un certain nombre de similitudes dans l’histoire démographique des populations.
2.1 |
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L’ancien régime démographique |
Tous les peuples ont connu, jusqu’à un passé plus ou moins récent, l’ancien régime démographique propre aux sociétés rurales traditionnelles (voir monde rural). La forte fécondité des femmes — 6 à 8 enfants par femme — y compensait une effroyable mortalité infantile (voir taux de mortalité). La natalité était très élevée — 40 à 45 p. 1 000 —, la population n’exerçant aucune limitation des naissances. Toutefois, cette forte natalité était en grande partie annihilée par une terrible mortalité — environ 40 p. 1 000 —, aggravée par de nombreux cas de surmortalité accidentelle — famines, épidémies et guerres. L’accroissement naturel, par conséquent, se trouvait limité, l’espérance de vie à la naissance excédant rarement 30 ans.
2.2 |
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Les étapes de la transition démographique |
Le passage de taux de natalité et de mortalité élevés à des niveaux beaucoup plus faibles reflète l’évolution progressive des sociétés rurales prolifiques vers des sociétés industrielles et urbaines désireuses de limiter le nombre d’enfants.
D’une façon générale, la chute de la mortalité précède la baisse de la natalité, le décalage chronologique provoquant une explosion démographique. La transition se déroule donc en deux phases : dans un premier temps, la mortalité, et en particulier la mortalité infantile, diminue rapidement grâce aux progrès sanitaires et médicaux, tandis que la natalité reste abondante en raison d’une fécondité toujours élevée. Pendant cette période transitoire, qui peut être plus ou moins longue, la population enregistre d’importants excédents de naissances et connaît un très fort accroissement naturel.
Dans une seconde phase intervient une baisse de la natalité liée à l’émergence de pratiques destinées à limiter les naissances (voir contrôle des naissances) : la fécondité se réduit du fait de la diminution de la mortalité infantile, le rythme de la croissance ralentit, tandis que l’espérance de vie augmente jusqu’à atteindre un niveau élevé.
2.3 |
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Le régime démographique moderne |
La transition démographique s’achève lorsque la population se stabilise ; les pays entrent alors dans le régime démographique moderne qui conjugue faible natalité et faible mortalité. La fécondité, désormais réduite — 2 enfants ou moins par femme en moyenne —, se situe en dessous du seuil de renouvellement des générations, d’où un processus de vieillissement des populations. À ce stade de maturité démographique, la croissance est à nouveau très lente, mais sur un mode radicalement différent du régime traditionnel.
La situation démographique actuelle oppose les pays développés, qui ont achevé depuis longtemps leur transition démographique, aux pays en voie de développement qui s’y sont engagés plus récemment et se trouvent aujourd’hui à différents stades.
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LA TRANSITION DÉMOGRAPHIQUE DANS LES PAYS DÉVELOPPÉS |
3.1 |
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L’impact de la révolution industrielle |
Le régime démographique moderne est exclusivement le fait des pays développés, constatation mettant en évidence l’étroite relation entre mutation démographique et évolution économique. Dans la plupart d’entre eux, en effet, la transition démographique s’est effectuée entre la fin du xviiie siècle et la première moitié du xxe siècle, soit au cœur des révolutions industrielle et agricole. C’est l'Europe qui, la première, a amorcé le processus. La mortalité commence à reculer dès le xviiie siècle, avec l’amélioration de l’alimentation et la disparition des famines, puis cette tendance à la baisse s’accélère aux xixe et xxe siècles, grâce aux progrès de l’hygiène et de la médecine.
3.2 |
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De l’Europe à l’Amérique du Nord : une natalité toujours importante |
À l’exception de la France, la natalité est restée longtemps abondante, si bien que la population européenne a enregistré un fort excédent naturel, avec un taux de croissance annuel de 1 à 1,5 p. 100 en moyenne. Certains États européens voient ainsi leur population multipliée par trois ou quatre en l’espace de 150 ans. Le phénomène s’étend rapidement à l’Amérique du Nord, vers laquelle affluent les « surplus » humains du Vieux Continent.
3.3 |
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Le « spectre » du vieillissement de la population |
Vieillissement de la population
Parmi les aspects qui ont caractérisé les dernières décennies de l'histoire des pays industrialisés, l’augmentation de l'espérance de vie moyenne et la baisse des naissances ont déterminé une croissance significative de la proportion de personnes âgées sur la population. À l'aube du XXI e siècle, les personnes âgées représentent environ 20 p. 100 de la population totale des pays industrialisés, et cette proportion devrait atteindre 30 p. 100 d'ici 2050. S'il est le reflet de l'amélioration des conditions sanitaires et, en général, du niveau de vie, le vieillissement de la population pose toutefois de nouveaux problèmes d'ordre social, économique, sanitaire, etc.
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Puis, sous l’effet de l’augmentation du niveau de vie et de l’urbanisation, la fécondité commence, à son tour, à décliner. Cette deuxième phase de la transition débute au cours du xixe siècle dans les pays d’Europe occidentale au xxe siècle pour l’Amérique du Nord et le reste de l’Europe. Depuis les années soixante, la dénatalité s’accentue au point que les pays développés n’assurent plus le renouvellement des générations. Leur accroissement démographique est désormais très faible, voire négatif (certains pays, comme la Russie ou la Hongrie, voient leur population diminuer). Le taux de natalité s’établit de nos jours entre 10 et 15 p. 1 000, le taux de mortalité autour de 10 p. 1 000, tandis que l’espérance de vie atteint 70 ans et plus.
La conséquence de ce déclin démographique est le vieillissement de la population : la proportion de personnes âgées de plus de 64 ans avoisine les 15 p. 100 et celle des moins de 15 ans oscille entre 15 et 20 p. 100. L’effondrement de la fécondité représente pour ces pays un souci majeur, car il risque d’entraîner, à moyen terme, une remise en cause des structures sociales, notamment des systèmes de retraites.
La France a connu une transition démographique à la fois très précoce (dès la fin du xviiie siècle) et particulièrement rapide. En effet, tandis que les pays d’Europe de l’Ouest subissent les deux phases de la transition, la fécondité de la France baisse en même temps que sa mortalité. Dès la Révolution, la taille des familles commence à se réduire. Le poids démographique de la France, pays le plus peuplé d’Europe à la fin du xixe siècle avec 40 millions d’habitants, s’en trouve considérablement modifié. Ainsi, en 1968, la France ne compte que 50 millions d’habitants, en dépit des millions d’immigrés accueillis sur son territoire depuis un siècle (voir immigration). Si elle avait connu une transition démographique identique aux autres pays européens, il y aurait sans doute plus de 100 millions de Français aujourd’hui.
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LA TRANSITION DÉMOGRAPHIQUE DANS LES PAYS EN VOIE DE DÉVELOPPEMENT |
Dans les pays en voie de développement, la transition démographique, amorcée dans le courant du xxe siècle, est plus tardive et nettement plus rapide que dans les pays riches. Ses effets sont amplifiés par le recul accéléré de la mortalité, lui-même dû au soutien des nations développées (aides médicales et alimentaires). Il en résulte une croissance plus explosive, avec des taux d’accroissement naturel partout supérieurs à 2,5 p. 100 à la fin des années soixante, la population allant jusqu’à décupler dans certains cas. À l’inverse des pays riches, les pays en voie de développement sont aujourd’hui confrontés aux nombreux problèmes posés par l’extrême jeunesse de leurs habitants — alimentation, habitat, éducation, santé, emploi, etc. —, les moins de 15 ans constituant souvent plus de 40 p. 100 de la population, pour seulement 4 à 5 p. 100 de plus de 64 ans.
La situation est aujourd’hui très hétérogène : certains États d’Afrique noire, par exemple, commencent ou achèvent seulement la première phase de leur transition démographique, avec des taux d’accroissement naturel de 3 p. 100 par an (soit un doublement de la population en 23 ans). La fécondité reste également très élevée dans les pays du Moyen-Orient, pourtant plus développés et plus urbanisés, pour des raisons essentiellement religieuses et culturelles. La plupart des pays en voie de développement, néanmoins, sont déjà entrés dans la deuxième phase de la transition démographique : l’urbanisation croissante, la mise en place de politiques de planning familial, l’éducation scolaire (des filles notamment), ainsi que les mutations économiques et sociales ont contribué à changer les mentalités et à réduire la fécondité. La croissance naturelle, si elle diminue, demeure toutefois importante, la forte proportion de jeunes en âge de procréer maintenant la natalité à un taux élevé. Enfin, certains États d’Asie orientale, comme la Corée du Sud, Taïwan, Singapour ou la Thaïlande, ont quasiment achevé leur transition démographique.
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L’EXPLOSION DÉMOGRAPHIQUE MONDIALE |
Pendant des siècles, l’humanité a connu une croissance ralentie, le poids de la mort bridant considérablement l’accroissement de l’espèce humaine qui ne comptait qu’un milliard d’habitants vers 1820. La diffusion récente des techniques sanitaires et médicales, cependant, a entraîné un recul durable de la mortalité partout dans le monde. Tous les pays, ou presque, ont aujourd’hui entamé leur transition démographique. C’est ce qui explique la brutale accélération de la croissance démographique contemporaine, la population mondiale s’étant accrue, en moins d’un siècle, de 4 milliards d’habitants supplémentaires — 2 milliards d’habitants en 1920, 3 milliards en 1960, 6 milliards en l’an 2000.
Cet essor considérable est, pour l’essentiel, le fait des pays du tiers-monde. La croissance démographique mondiale est toutefois en régression depuis les années soixante-dix : le taux d’accroissement est retombé à 1,4 p. 100 par an à la fin des années quatre-vingt dix, après avoir culminé à 2,1 p. 100 par an en 1960. Les baisses récentes de la fécondité et de la natalité conjointement enregistrées dans la plupart des pays en voie de développement peuvent expliquer ce phénomène. La population mondiale continue de s’accroître à un rythme d’environ 80 millions de personnes par an. Cependant, la tendance « lourde » à la baisse s’inscrit en faux contre les craintes alarmistes d’une surpopulation de la planète et permet d’envisager une stabilisation de la population mondiale dans les décennies à venir.
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