Encarta 2008 - agriculture
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agriculture
1   PRÉSENTATION
Cueillette du thé (Sri Lanka)
Au niveau mondial, 45 p. 100 de la population active sont employés dans le domaine agricole, mais, au niveau national, le chiffre varie grandement en fonction du niveau de mécanisation de l'agriculture locale. Si, en Europe, il atteint à peine 5 ou 6 p. 100, il excède 50 p. 100 au Sri Lanka, où l'agriculture est dominée par la riziculture et les cultures commerciales (thé, caoutchouc, noix de coco). Les plantations de thé occupent 12 p. 100 de la superficie cultivée et représentent près d'un quart des recettes à l'exportation du pays. Le Sri Lanka produit 9 p. 100 du thé mondial, avec 0,24 million de tonnes en 1995 (3e rang mondial).
Ray Ellis/Photo Researchers, Inc.

agriculture, ensemble des activités concernant la domestication des plantes et des animaux, destinées à tirer de la terre des productions utiles à l’homme, notamment sur le plan alimentaire.

Les origines de l’agriculture, qui se substitua à la chasse et à la cueillette d’espèces sauvages et s’accompagna de la sédentarisation de groupes humains, remontent à la période néolithique. Les importantes mutations qu’ont connues les activités humaines liées à la recherche de nourriture sont d’ailleurs souvent appelées révolution néolithique. L’agriculture, au sens large, comprend la culture des terres, la production et la moisson des récoltes, l’élevage du bétail, l’industrie laitière et la sylviculture ; mais l’on distingue, en fait, pour plus de commodité, l’agriculture au sens strict (du latin « travail de la terre ») qui ne concerne que les plantes, de l’élevage, qui concerne les animaux domestiques.

L’agriculture met en œuvre trois éléments : la terre, le travail et le capital, au service d’une production assurée par les êtres vivants que sont les plantes cultivées. Toute agriculture est donc biologique, même si l’expression d’agriculture biologique a, de nos jours, pris un sens particulier.

À l’échelle mondiale, près de 45 p. 100 de la main-d’œuvre est employée dans l’agriculture. Schématiquement, deux types d’agricultures coexistent dans le monde. L’une, l’agriculture chinoise, recourt à une foule de travailleurs ; l’autre, l’européenne ou la nord-américaine, se réduit à une seule personne — à la rigueur deux — animant un parc considérable de matériels spécialisés, pour tirer de vastes surfaces une production considérable. Selon les grands ensembles continentaux et leur degré de développement, le pourcentage de la population active employé dans l’agriculture peut ainsi varier de 5 ou 6 p. 100 en Europe occidentale et de moins de 3 p. 100 aux États-Unis et au Canada, à 61 en Afrique ou en Asie, en passant par l’Amérique du Sud, avec 21 p. 100.

L’agriculture régionale et nationale sont traitées en détail dans les rubriques concernant chaque continent et pays.

2   COMPOSANTES DE L’AGRICULTURE
2.1   Terre
Labour (Éthiopie)
À l'origine de toute culture, la terre, que l'Homme prépare au semis avec des moyens plus ou moins sophistiqués selon qu'il s'agit d'un pays industrialisé ou en voie de développement. En Éthiopie, 80 p. 100 de la population active travaillent dans le secteur agricole. On y cultive le sorgho, le maïs et l'orge comme céréales de subsistance, tandis que l'agriculture industrielle ne concerne que des produits destinés à l'exportation (café et coton).
Purcell/Ald/Maryknoll Missioners

Par le support qu’elle fournit aux plantes et par les éléments nutritifs qu’elle leur apporte, la terre joue un rôle déterminant en agriculture. Les premiers agriculteurs, ne disposant que de moyens manuels pour l’ameublir et la préparer à recevoir les graines de la future récolte, sans beaucoup de moyens pour compenser l’exportation de matière nutritive que constituait cette dernière, commencèrent par travailler les régions les plus fertiles. Celles-ci étaient les zones d’épandage de coulées volcaniques anciennes, ces laves dégradées étant souvent riches en éléments chimiques intéressants, ou les vallées de grands fleuves, annuellement inondées par les crues riches en limons. Ainsi, l’Égypte, dont on a pu dire qu’elle était un cadeau du Nil, les basses vallées du fleuve Jaune (le Huang he) et du fleuve Bleu (le Yang-tseu-kiang), en Chine, les vallées de l’Indus et du Gange en Inde, et, à un moindre degré, celles du Tigre et de l’Euphrate en Asie Mineure, du Sénégal et du Niger en Afrique subsaharienne, ont été les berceaux de l’agriculture.

Rives du Nil (Égypte)
L'agriculture a vu le jour dans les régions dont le sol était le plus fertile, notamment les vallées des grands fleuves, régulièrement soumises à des crues porteuses de limons. Les rives du Nil, particulièrement propices à la culture, ont ainsi été l'un des berceaux de l'agriculture.
Farrell Grehan/Photo Researchers, Inc.

L’association de l’élevage et de l’agriculture a permis, par l’utilisation du fumier, déjections animales mélangées aux restes de litière, d’étendre les terres cultivées aux zones environnantes, jusqu’aux découvertes permettant la « fumure minérale », c’est-à-dire l’emploi des engrais.

Campagne rizicole (Corée du Sud)
Dans le paysage classique de la campagne sud-coréenne, les plaines sont occupées par les rizières, tandis que les bas versants montagneux sont voués aux cultures, aux pâturages et aux bois. Seuls 22 p. 100 du territoire sont mis en culture en raison des contraintes du milieu naturel (relief montagneux). La riziculture (56 p. 100 des terres) est prédominante.
Alain Evrard/Photo Researchers, Inc.

Pour préserver la fertilité de la terre, une autre technique a été employée, dont il ne subsiste plus actuellement que des traces, du fait notamment de la croissance démographique : l’agriculture itinérante. Chaque communauté humaine disposait d’un territoire dont elle ne cultivait chaque année qu’une proportion réduite, observant, entre deux passages sur une même surface, un repos de vingt-cinq ou trente ans, pendant lesquels se restaurait la fertilité suffisante à de modestes récoltes, par l’activité de la flore sauvage et la dégradation du sous-sol.

Si les caractéristiques physico-chimiques des terres cultivables sont importantes, celles de leur mode d’exploitation ne le sont pas moins ; ainsi l’appropriation collective de terres, par une communauté humaine, dans les sociétés traditionnelles, se révèle peu favorable à l’agriculture sitôt que s’affaiblissent les traditions et disciplines sociales. La propriété privée garantie et l’exploitation familiale se révèlent protéger au mieux la pérennité de la qualité des sols. « Cultiver en bon père de famille » est une référence classique des contrats de location européens, à laquelle s’oppose le terme d’« agriculture minière », qui exploite les ressources puis abandonne la terre vidée de sa substance, sans souci de restauration.

2.2   Soleil et eau
Roue hydraulique (Cambodge)
Au Cambodge, 80 p. 100 des terres cultivables sont consacrées à la riziculture. Celle-ci nécessite la maîtrise de l'eau via différents procédés d'irrigation d'autant que le pays, bien que soumis au régime de la mousson, ne reçoit que des pluies modérées, protégé par les hauts plateaux qui l'entourent.
Judy Ledgerwood

L’agriculture est affaire de soleil et d’eau. En effet, elle n’a pu débuter que dans les régions du globe où ces deux éléments se trouvaient associés. Cette association n’est cependant pas la règle, et les régions tempérées sont, à cet égard, exceptionnelles. L’agriculture dans les régions chaudes, en revanche, nécessite la maîtrise de l’eau, tout particulièrement quand le climat est marqué par l’alternance d’une saison sèche, qui peut durer la majeure partie de l’année, et d’une saison humide — l’« hivernage » en Afrique, la mousson d’été en Asie, fortement excédentaire en eau de pluie. La construction de barrages de retenue permettant de traverser les saisons, voire les années sèches, est alors un investissement indispensable à l’agriculture. C’est ainsi que le Maroc, de population croissante, s’efforce de pallier sa semi-aridité : l’irrigation concerne 10 p. 100 du total des surfaces utiles, mais leur production représente 75 p. 100 des exportations agricoles.

Même en régions arrosées toute l’année, la maîtrise de l’eau est indispensable à des cultures comme celle du riz. En zones tempérées, l’aspersion à partir des nappes souterraines régularise les récoltes. Dans ces mêmes régions, le drainage permet de transformer en terres de culture des herbages moins productifs.

2.3   Apport d’énergie : travail, animaux, outils
Rizière (Inde)
La culture du riz est une activité très contraignante. La multiplication du riz se fait par semis. Ceux-ci sont ensuite repiqués à la main après préparation de la rizière. La récolte se fait le plus souvent à la main, une fois la rizière asséchée.
S. Nagendra/Photo Researchers, Inc.

Le passage d’une récolte à une autre nécessite une série d’opérations qui, schématiquement, sont les suivantes : préparation des sols, semis ou plantation, entretien et protection des cultures en cours de développement, récolte, puis stockage des produits jusqu’à la consommation sur place, dans le cas d’une agriculture de subsistance, ou jusqu’à la vente dans le cas d’une agriculture commerciale, ouverte sur le marché. Le détail de ces opérations, l’« itinéraire technique » conduisant en une, voire deux années, d’une récolte à l’autre, varie considérablement selon les espèces cultivées.

Tri des légumes après récolte (Jordanie)
Amputée de la moitié de ses terres arables depuis la perte de la Cisjordanie (1967), la Jordanie a mis en place des programmes destinés à irriguer les nombreuses terres incultes. Les aubergines mises en caisse par ces ouvrières sont destinées à la consommation domestique et à l'exportation.
Bill Lyons/Photo Researchers, Inc.

Chaque stade dépend étroitement des moyens disponibles, des connaissances et de leur degré de mise en pratique. La préparation de la terre, qui nécessite déplacements sur le terrain et force exercée pour labourer ou gratter le sol, a d’abord reposé sur l’énergie humaine. La houe, successeur amélioré du bâton à fouir des chasseurs-cueilleurs, est encore l’outil agricole le plus répandu de l’homme, et plus encore de la femme, en Afrique subsaharienne.

Charrue
L'utilisation des animaux pour tracter les instruments servant à travailler la terre pour la préparer à la récolte a grandement facilité le travail de l'Homme, qui, dans ces conditions, guide l'effort plus qu'il ne l'exerce.
Garry D. McMichael/Photo Researchers, Inc.

La traction animale, utilisant la force d’animaux domestiques d’assez grande taille, bovins ou chevaux le plus souvent, mules ou dromadaires dans les régions chaudes et sèches, buffles pour les régions chaudes et humides, a triplé ou quadruplé l’efficacité de l’intervention humaine, qui consiste alors à guider, et non plus à exercer l’effort. Le résultat a encore été amélioré lorsque l’araire, instrument ouvrant seulement le sol (apparu en Orient, puis introduit en Europe vers 2000 av. J.-C.), fut remplacé par la charrue à versoir. Celle-ci, pourvue d’un avant-train à deux roues facilitant le déplacement, découpe et retourne une bande de terre en enfouissant les mauvaises herbes. L’égalisation des sols avant le semis ou la plantation (hersage et roulage) a aussi été facilitée par l’introduction des attelages. L’énergie mécanique, avec le tracteur équipé d’un moteur à combustion interne, de type Diesel le plus souvent, constitua une véritable révolution, intervenue en France dans les années 1950. Il était désormais possible de travailler vite et dans les meilleures conditions.

Le travail de récolte, fondamental puisque une année d’efforts peut être ruinée ou récompensée, a connu la même évolution : récolte manuelle nécessitant des équipes nombreuses employées de façon temporaire, machines à traction animale comme la moissonneuse-lieuse, machines à traction mécanique, puis automotrices (comme la moissonneuse-batteuse). La contrepartie de cette mécanisation est la nécessité de confier de grandes surfaces à ces machines, qui ne travaillent qu’une petite partie de l’année, pour en amortir le coût. La plus petite moissonneuse-batteuse, par exemple, équivaut, en coût, à dix ou quinze automobiles particulières. Pour la rentabiliser, il faut soit de très grandes exploitations agricoles, soit une utilisation collective : petite exploitation cliente d’une entreprise spécialisée ou adhérente d’une coopérative d’utilisation de matériel agricole (CUMA).

3   HISTORIQUE
3.1   Antiquité
Pratiques agricoles en Égypte ancienne
Ornant le mastaba d'une famille égyptienne de l'Ancien Empire, cette peinture murale est riche d'enseignement sur les pratiques agricoles des premiers temps de l'Égypte ancienne : au registre supérieur, des paysans portent leur récolte de papyrus, qui pousse sur les berges du Nil (l'eau est figurée par des lignes serpentines) ; au registre médian, un berger mène son troupeau de bovinés hors du fleuve ; au registre inférieur, des scènes de chasse, de préparation et de cuisson de volailles.Bas-relief polychrome du mastaba de Néfer et Kahay, Ancien Empire, Ve dynastie, règne de Niouserre (2416-2392 av. J.-C.). Calcaire polychrome. Saqqarah (Égypte).
Brian Brake/Photo Researchers, Inc.

Avec la fin du néolithique et l’utilisation des métaux (voir métal, art du), l’agriculture connut une période de progrès, révélée par des documents écrits et des dessins — la Bible, des documents et des monuments du Moyen-Orient, ou des écrits chinois, grecs et romains.

3.1.1   Épanouissement des cultures
Plant de vigne
Dès la fin du Néolithique, une période de bouleversements et de progrès modifia totalement le visage de l'agriculture naissante. Outre l'invention d'instruments en métal, l'utilisation de la force animale pour tracter les charrettes ou encore la mise en place de systèmes d'irrigation, de nombreuses espèces végétales furent mises en culture. On estime que la vigne fut cultivée par les Égyptiens dès 2900 av. J.-C.
Holt Studios International/Photo Researchers, Inc.

Durant cette époque, l’homme apprit à cultiver de nouvelles espèces végétales, telle la vigne. Des documents égyptiens font ainsi mention de raisin et de vin vers 2900 av. J.-C., et l’on sait qu’au Ier millénaire av. J.-C., le commerce du vin était très répandu autour du bassin méditerranéen. De même furent cultivés les oliviers, et le commerce de l’huile fut, à la même époque, florissant. Dans le nord de l’Europe, c’est la culture du seigle qui vit le jour, de façon assez tardive par rapport à d’autres céréales, tel le blé, qui fut parmi les premières plantes cultivées au néolithique. En revanche, oignons, melons et concombres furent domestiqués dès le IIIe millénaire av. J.-C., à Ur. Les dattes et les figues constituèrent une source importante de sucre au Moyen-Orient et sur le pourtour méditerranéen, qui vit également se développer la culture des pommes, grenades, pêches et mûres. En Inde, c’est vers l’an 2000 av. J.-C. que le coton fut cultivé et filé ; tandis que le lin et la soie (issue de l’élevage des chenilles du bombyx du mûrier) connurent une utilisation importante en Chine.

Parallèlement, les méthodes de conservation des huiles et du grain furent améliorées. Les greniers, citernes et réservoirs, les silos et bidons de toutes sortes contenant le grain permirent d’approvisionner la population des villes. En effet, sans un approvisionnement alimentaire adéquat et sans le commerce de produits alimentaires et d’autres produits en général, les grandes civilisations de Mésopotamie, de l’Inde du Nord, d’Égypte et de Rome n’auraient pas vu le jour.

L’agriculture mixte et la constitution de provisions furent florissantes dans les îles Britanniques et sur le continent européen, jusqu’en Scandinavie. En fonction des régions, la pêche et la chasse continuaient néanmoins de compléter les ressources alimentaires issues de l’agriculture.

3.1.2   Travail de la terre

La charrette à quatre roues, conduite par des bœufs, utilisée pour le travail de la ferme, et les chariots à deux roues, conduits par des chevaux, étaient courants dans le nord de l’Inde au IIe millénaire av. J.-C. Quant au cheval, qui était déjà connu en Mésopotamie et en Asie Mineure, il fut introduit en Égypte aux environs de l’an 1600 av. J.-C.

Les progrès réalisés sur les outils et les instruments aratoires furent particulièrement importants. Les outils en métal étaient plus résistants et plus efficaces, et la charrue à bœuf, équipée d’un soc en fer permettant d’améliorer le labour de façon très nette, fut signalée au Xe siècle av. J.-C. en Palestine. En Mésopotamie, au IIe millénaire av. J.-C., une sorte de hotte fut fixée à la charrue pour aider à semer le grain. Les Égyptiens, en revanche, continuèrent de semer à la main, aussi bien sur les lopins de terre individuels que sur les grandes exploitations.

Des systèmes d’irrigation furent mis en place en Chine, en Égypte et au Proche-Orient, permettant de mettre un plus grand nombre de terres en culture. La main-d’œuvre forcée, constituée de paysans, et l’infrastructure nécessaire à la mise en œuvre et au contrôle des travaux d’irrigation furent probablement la base même du développement de l’État-cité de Sumer. Les moulins à vent et les moulins à eau, développés à la fin de la période romaine, permirent de mieux contrôler les aléas des conditions météorologiques. L’introduction d’engrais d’origine animale et l’alternance entre mise en jachère des terres et mise en culture permirent à l’agriculture d’être plus productive.

3.1.3   Organisation des exploitations

Rome elle-même semble avoir débuté comme une société agricole rurale constituée d’agriculteurs indépendants. Au cours du Ier millénaire av. J.-C., après que la ville eut été constituée, l’agriculture connut un développement capitaliste, qui atteignit son apogée pendant l’ère chrétienne. Les grands domaines qui fournirent le grain aux villes de l’Empire romain appartenaient aux propriétaires terriens absentéistes et étaient cultivés par la main-d’œuvre esclave sous le contrôle de surveillants loués à cet effet. Lorsque les esclaves, généralement des prisonniers de guerre, se firent moins nombreux, des agriculteurs à bail les remplacèrent.

Peu après le règne de Jules César, Cornelius Tacite, historien romain, décrivit les Germains comme une tribu d’agriculteurs guerriers, libres, qui cultivaient leurs propres terres ou les abandonnaient pour le combat. À l’opposé, cinq cents ans plus tard, un village européen caractéristique comportait un groupe de maisons au centre, entourées de champs cultivés de façon assez primitive comprenant des fermes particulières ; les prés, les bois et le reste des terres étaient utilisés par la communauté tout entière. Le bœuf et la charrue passaient d’un champ à l’autre, et la moisson était effectuée dans un effort collectif.

L’organisation des dernières villas romaines de l’ère chrétienne préfigurait celle des châteaux du Moyen Âge ; les esclaves et les agriculteurs à bail travaillaient selon des règles établies ; les seconds payaient une part déterminée par avance au propriétaire terrien. Au IVe siècle av. J.-C., le servage était bien établi, et l’agriculteur à bail était attaché à la terre.

3.2   Agriculture féodale

La période féodale, qui débuta, en Europe, juste après la chute de l’Empire romain, atteignit son apogée vers 1100 apr. J.-C. Cette période vit l’Empire byzantin se développer et la puissance des Sarrasins s’asseoir au Proche-Orient et dans le sud de l’Europe. L’Espagne, l’Italie, et le sud de la France, en particulier, furent affectés par des événements extérieurs au continent européen.

Au cours de la domination arabe en Égypte et en Espagne, l’irrigation fut étendue à des terres stériles et non rentables. En Égypte, la production céréalière fut suffisante pour permettre au pays de vendre du blé sur le marché de l’Ancien Monde.

3.2.1   Développement des cultures
Oranger
Après la chute de l'Empire romain (476 apr. J.-C.) commença l'agriculture féodale qui vit, dans les régions sous domination arabe, les débuts, puis l'expansion de la culture des agrumes, notamment citrons et oranges.
Nigel Cattlin/Holt Studios International/Photo Researchers, Inc.

En Espagne, des vignes furent plantées sur les collines, et l’eau fut apportée des montagnes aux plaines pour l’irrigation. Dans certaines régions islamiques, la culture des oranges, des citrons, des pêches et des abricots fut entreprise.

Les principales espèces cultivées de façon importante furent le riz, la canne à sucre, le coton et les légumes, comme les épinards et les artichauts, ainsi que le fameux safran espagnol. On entreprit également la culture du mûrier blanc, dont les feuilles constituent l’unique nourriture du ver à soie (voir bombyx du mûrier).

Au XIIe siècle, l’agriculture ne connut plus aucun développement au Moyen-Orient, et la Mésopotamie, par exemple, put à peine subvenir à ses besoins lorsque son système d’irrigation fut détruit par les Mongols. Les croisades favorisèrent les contacts avec la terre d’islam et permirent de faire connaître le citron, la soie et le coton à l’Europe occidentale.

3.2.2   Travail de la terre

Les méthodes de culture étaient très strictes. La terre arable était divisée en trois parties : une partie semée à l’automne avec le blé ou le seigle ; une deuxième au printemps avec l’orge, le seigle, les fèves ou les pois ; et la troisième, laissée en jachère, c’est-à-dire non cultivée. Les champs étaient décomposés en bandes réparties sur les trois parties et sans haie de séparation. Chaque paysan à la tête d’un foyer recevait trente bandes. Aidé par sa famille et par une paire de bœufs, il travaillait sous les ordres des représentants du seigneur. Lorsqu’il cultivait ses propres terres, il suivait les coutumes du village, qui étaient probablement aussi strictes que la réglementation imposée par un administrateur.

Aux environs du VIIIe siècle fut introduit un cycle de rotation sur quatre ans avec mise en jachère. Le programme de labourage annuel sur 400 ha était de 100 ha labourés en automne et de 100 au printemps. Les 200 ha mis en jachère étaient labourés en juin. Ces trois périodes de labour sur l’année pouvaient produire, en fonction du temps, deux récoltes sur 200 ha au total. En général, dix bœufs ou plus, pas plus gros que les génisses modernes, étaient attachés à la charrue. Celle-ci n’était souvent qu’un tronc d’arbre fourchu. Au moment des récoltes, tous les paysans, y compris les femmes et les enfants, devaient travailler dans les champs. Après la récolte, les animaux de la communauté étaient laissés libres dans les champs, à la recherche de fourrage.

Le prêtre de la paroisse pouvait avoir des terres séparées des champs de la communauté ou des bandes qu’il cultivait lui-même, ou qui étaient cultivées par les paysans.

3.2.3   Structure des exploitations

L’agriculture ne présentait pas, à cette époque, de structure uniforme, mais des organisations différentes selon les régions. En Scandinavie et en Allemagne de l’Est, les petites fermes et les petits villages furent conservés. Dans les régions montagneuses et dans les terrains marécageux de l’Europe slave, le système seigneurial n’eut pas la possibilité de se développer. La constitution des provisions et la culture des olives et du raisin étaient, en principe, en dehors de ce type de systèmes.

Dans le système seigneurial, le domaine d’un seigneur comportait environ 350 à 800 ha de terres arables, et la même superficie de terres attenantes, comme les marécages, les terres boisées et les pâturages. Le domaine était le type même de la communauté vivant en autarcie. Un ou plusieurs villages pouvaient se trouver sur le domaine, et les paysans du village en étaient alors les véritables cultivateurs.

Sous la direction d’un administrateur du domaine, les paysans faisaient les récoltes, produisaient la viande, s’occupaient des animaux, payaient des taxes sur les services, soit en tant que main-d’œuvre sur les terres du seigneur et d’autres terres, soit en tant que militaires.

Un domaine seigneurial disposait également d’un moulin pour moudre le grain, un four pour faire cuire le pain, des étangs, des vergers, parfois un pressoir ou un pressoir à huile et des potagers. Les abeilles étaient élevées pour leur miel.

Dans tous les systèmes, les champs et les besoins des propriétaires terriens avaient la priorité. Le bois et la tourbe servant de combustible provenaient des bois de la communauté, et les animaux étaient mis en pâturage sur les prairies du village. Lorsqu’il existait des excédents de grain, de cuir et de laine, ils étaient envoyés au marché pour être vendus.

Vers 1300, les régions entourant les villes médiévales commencèrent à se spécialiser dans la production des fruits, légumes et produits laitiers. Le système de domaines seigneuriaux indépendants fut affecté par les guerres du XIVe et du XVe siècle en Europe et par les épidémies de peste du XIVe siècle. Des villages entiers furent décimés, et un grand nombre de terres arables furent abandonnées.

Avec la réduction de la main-d’œuvre, seules les meilleures terres continuèrent d’être cultivées et, en Italie du Sud, par exemple, l’irrigation contribua à augmenter la production sur des sols plus fertiles. La culture intensive des céréales fut remplacée par la diversification et des produits nécessitant plus de soin comme le vin, l’huile, le fromage, le beurre et les légumes.

3.3   Naissance de l’agriculture scientifique
Plantation de coton (Mississippi, États-Unis)
Les États fédérés du sud des États-Unis — ici le Mississippi — ont développé une société agricole et esclavagiste reposant sur une économie de plantations (coton, tabac), exploitées par une main-d'œuvre servile noire.Le coton, exporté vers les manufactures anglaises, a constitué l'une des principales ressources agricoles du pays au cours du xix e siècle. Les États sudistes ont vu leur économie ruinée par la guerre de Sécession (1861-1865) et l'abolition de l'esclavage.
Library of Congress

Aux environs du XVIe siècle, l’Europe vit un accroissement significatif de sa population, accompagné d’une croissance importante de la production agricole.

L’agriculture devait connaître de profondes modifications, en Europe comme ailleurs. Plusieurs raisons peuvent être avancées. L’Europe était coupée de l’Asie et du Proche-Orient du fait d’une extension de la puissance turque. De nouvelles théories économiques étaient mises en application qui touchaient directement l’agriculture. Les guerres incessantes qui avaient lieu entre l’Angleterre et la France et en Allemagne, étaient d’un coût élevé sur les plans financier et humain.

Cette période vit également l’essor de l’agriculture coloniale, qui se développa non seulement pour nourrir les colons, mais également pour approvisionner leur patrie d’origine : culture de la canne à sucre, du coton, du tabac et du thé. Du XVe au XIXe siècle, le commerce des esclaves fournit la main-d’œuvre agricole. Dans les Caraïbes, les esclaves africains travaillaient dans les plantations sucrières et, en Amérique du Nord, dans les plantations d’indigotier et de coton. Sur le continent sud-américain, les Indiens étaient asservis comme péons. Les esclaves venant d’Europe, et en particulier des prisons anglaises, fournissaient aux colonies américaines de la main-d’œuvre qualifiée comme non qualifiée. L’esclavage et le servage furent totalement abolis au XIXe siècle.

Au moment de l’arrivée des conquérants espagnols, les américains autochtones du Nouveau Monde, les plus avancés, avaient une économie agricole intensive mais pas d’animaux de trait ni de selle et pas de véhicules à roues. Le potiron, les fèves, les pois et le maïs étaient cultivés depuis longtemps. La terre appartenait à des tribus et à d’autres groupes ethniques qui avaient formé des systèmes de gouvernement complexes mais pas à des individus ou des familles individuelles. Plusieurs civilisations ont vu le jour et ont disparu en Amérique centrale et en Amérique du Sud au XVIe siècle. Celles que les espagnols ont rencontré étaient les Aztèques, les Incas et les Mayas.

La révolution scientifique, résultant de la Renaissance et du siècle des Lumières, stimula la recherche de nouvelles techniques, qui profitèrent au domaine de l’agriculture.

3.3.1   Restructuration des exploitations

Au XVIIIe siècle, le processus d’enclosage se répandit, et les propriétaires terriens purent déterminer la répartition entre les terres et les pâturages, qui se faisait auparavant selon l’usage. La rotation des récoltes, permettant une alternance entre légumes et céréales, se trouva améliorée par l’abandon du système de bandes hérité des villages de la période seigneuriale. En Angleterre, où l’agriculture scientifique était la plus efficace, l’enclos permit une réorganisation totale de la propriété terrienne.

À partir de 1660, les propriétaires des parcelles les plus importantes commencèrent à agrandir leurs propriétés, souvent au détriment des petits fermiers indépendants. Plus tard, au XIXe siècle, l’agriculture se fonda sur les relations entre le propriétaire terrien, qui dépendait des fermages, le fermier, producteur de récoltes, et le laboureur, qui ne possédait aucune terre. Les systèmes d’irrigation, d’une part, d’assèchement des terres, d’autre part, permirent de mettre en culture de plus grandes surfaces.

3.3.2   Révolution agricole
Ancienne moissonneuse
Les premières moissonneuses et batteuses étaient tractées par des animaux. L'agriculteur marchait derrière l'animal ou à son côté pour le guider. Un système de harnais sophistiqué permettait une bonne répartition du poids de la machine.
Lopez and Medina/Rapho/Photo Researchers, Inc.

C’est avec la révolution industrielle que les machines agricoles virent le jour. Il est difficile de sérier de façon précise les événements survenus entre les débuts de la révolution agricole et l’avènement de la technologie en agriculture.

L’amélioration mécanique de la charrue traditionnelle en bois, qui n’avait pas évolué depuis son invention, commença au milieu du XVIIe siècle, avec l’apparition de petites pointes de fer attachées au bois avec des bandes de cuir. Mais ce n’est qu’à partir du XVIIIe siècle que les améliorations les plus importantes furent apportées. En 1797, Charles Newbold, forgeron de Burlington, New Jersey, introduisit le versoir de charrue en fonte. Celui-ci présente l’avantage de retourner la terre et de la fragmenter ; ce type de charrue est encore le plus utilisé. John Deere, un forgeron américain, fabriqua en 1830 une charrue améliorée, en acier. Les autres inventions importantes comptent le semoir de l’agriculteur anglais Jethro Tull. Mis au point au début du XVIIIe siècle, il connut, pendant plus d’un siècle, une succession de petits perfectionnements. La moissonneuse de l’Américain Cyrus McCormick apparut en 1831 ; elle fut suivie de nombreuses nouvelles batteuses tirées par des chevaux, des faux pour couper les céréales et l’herbe, des râteaux et des égreneuses de maïs. À la fin du XIXe siècle, la vapeur fut souvent utilisée pour remplacer l’énergie animale, pour tirer les charrues et pour actionner les batteuses. L’amélioration raisonnée des cultures et de leur rendement marqua la naissance de l’agronomie scientifique.

John Deere
 
Corbis

Parallèlement à l’amélioration des techniques, les premières tentatives systématiques de lutte contre les parasites furent réalisées aux XVIIe et XVIIIe siècles. Au XIXe siècle, des poisons de toutes sortes furent mis au point pour être utilisés en pulvérisations ; on tenta également de se servir des insectes prédateurs de ces parasites (lutte biologique avant l’heure, la coccinelle était employée pour lutter contre les pucerons). Des variétés de plantes résistantes furent également cultivées ; l’un des exemples les plus remarquables en fut le sauvetage des ceps de vigne européens, parasités par le Phylloxera, accidentellement introduit en Europe. Ces ceps reçurent des greffes de variétés américaines résistantes, et la vigne résultante fut cultivée avec succès.

Les progrès réalisés dans les transports eurent également d’importantes répercussions sur l’agriculture. Les routes, canaux et lignes de chemin de fer permirent aux agriculteurs d’obtenir les approvisionnements nécessaires et de commercialiser leurs produits sur des régions plus vastes. À partir de la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les aliments purent être protégés pendant le transport et acheminés de façon plus économique, grâce aux progrès réalisés au niveau du rail, du transport maritime et de la réfrigération. À la fin du XIXe siècle, les fournisseurs australiens et nord-américains évincèrent les fournisseurs européens de céréales du marché européen. Il en découla une spécialisation des agriculteurs européens dans les produits laitiers, fromagers et autres.

4   AGRICULTURE CONTEMPORAINE
4.1   Évolutions récentes
Liage manuel du blé
Les récoltes manuelles, comme la scène que l'on peut voir sur cette photographie, ont aujourd'hui disparu dans les pays industrialisés, au profit d'une agriculture entièrement mécanisée qui augmente considérablement les rendements.
ORF Enterprise Ges.m.b.H

L’augmentation de la production alimentaire, dans la période qui suivit la Seconde Guerre mondiale, fut le résultat d’une nouvelle explosion démographique. Dans les pays en voie de développement, ce que l’on a appelé la révolution verte, comportant la culture sélective de cultures traditionnelles pour des rendements importants, de nouvelles variétés hybrides et des méthodes de culture intensives adaptées aux climats et aux conditions de culture de pays très peuplés comme l’Inde, endiguèrent temporairement la demande de plus grandes quantités d’aliments. Puis une pénurie de pétrole au milieu des années 1970 (premier choc pétrolier — voir crise économique) réduisit l’approvisionnement en engrais azotés utiles pour la réussite de nouvelles variétés. Simultanément, des conditions climatiques changeantes et des désastres naturels comme la sécheresse et les inondations réduisirent les récoltes mondiales. La famine sévit dans de nombreux pays d’Afrique.

Aujourd’hui, l’agriculture dépend considérablement de l’ingénierie, de la technologie et des sciences biologiques et physiques. Ainsi, la génétique participe de façon importante à la productivité de la ferme (de même qu’à l’élevage du bétail). L’irrigation, le drainage, la conservation des aliments et les techniques sanitaires, concourant ensemble à la réussite de l’agriculture, sont quelques-uns des domaines nécessitant le savoir-faire des ingénieurs agronomes. En outre, la culture hydroponique, méthode d’horticulture sans sol, où les plantes sont cultivées dans des solutions de substances chimiques nutritives, permet notamment d’obtenir des plantes hors-saison et de leur assurer des conditions de croissance optimales, en adaptant parfaitement son milieu nutritif et son environnement à chaque plante cultivée.

Deux secteurs ont considérablement tiré parti des progrès des connaissances scientifiques et de leur application pratique : la fumure des sols et la protection des cultures contre leurs parasites et leurs prédateurs. Le terme de fumure désigne d’abord la restitution au sol des éléments nutritifs qui en disparaissent par l’exportation des récoltes, grain et paille dans le cas des céréales, par exemple, ensuite l’élévation du niveau de fertilité du sol même, lorsqu’il est bas pour des raisons naturelles ou autres. Ainsi, les étendues faiblement ondulées de sols faciles à travailler mais pauvres, que constituait la Champagne pouilleuse, en France, dans le département de la Marne, ont été transformées en excellentes terres de culture par des apports extérieurs. L’étude de la physiologie des plantes a montré que trois éléments chimiques jouaient un rôle essentiel : l’azote, le phosphore, le potassium, dont les symboles respectifs sont N, P, K. L’industrie lourde peut fournir les engrais chimiques correspondants, tirés soit de l’air, ce sont les engrais azotés, soit de composés naturels, extraits de mines, tels les phosphates du Maroc ou les potasses d’Alsace. L’agriculture dispose ainsi d’engrais simples ou composés adaptés à la nature de ses sols et aux exigences de ses cultures. Ces pratiques ne sont cependant pas dépourvues d’effets secondaires négatifs. Les plantes n’utilisent en effet pas la totalité des engrais et les excédents s’enfoncent dans la terre, jusqu’aux nappes d’eau souterraines.

La défense des cultures est l’autre secteur bénéficiaire du progrès des connaissances. Chacune des espèces cultivées a, en effet, un accompagnement de parasites et de prédateurs, microbiens, végétaux, animaux avec lesquels, pour les formes sauvages ou peu spécialisées, il s’établit une sorte d’équilibre biologique, à un niveau de productivité et d’agressivité assez bas. Cet équilibre est rompu par la recherche de certaines qualités à un niveau élevé chez la plante cultivée ; elle peut alors devenir particulièrement sensible à tel ou tel parasite, qui prospère au point de compromettre ou de détruire la récolte. Dans les pays du tiers-monde, une notable proportion de la récolte est consommée par des parasites et des prédateurs, qui deviennent des concurrents des destinataires humains. Contre ces risques, les moyens traditionnels sont de peu d’efficacité : désherbages, binages, traitements manuels (qui ont remplacé les rites et incantations traditionnels). La connaissance de la biologie des parasites et des prédateurs, la recherche de nouveaux principes actifs et de molécules nouvelles ont permis à de puissantes firmes chimiques de mettre sur le marché des produits efficaces au moins pendant plusieurs années, jusqu’à ce que l’adaptation des ennemis des cultures leur ait permis de contourner ces défenses. Ces moyens intéressent aussi bien les plantes en culture que leurs produits après récolte (voir lutte contre les parasites). Mais, là encore, ces actions ont des retombées néfastes. En régions d’agriculture intensive, les zones cultivées sont, certes, protégées des mauvaises herbes et des insectes prédateurs, mais l’eau, la flore et la faune naturelles subissent aussi les atteintes de ces produits fort actifs. Peu de fleurs sauvages, peu d’insectes et donc peu d’oiseaux insectivores subsistent. En contrepartie, les spectaculaires résultats de la révolution verte, qui a permis à des pays comme le Mexique ou l’Inde d’éviter les famines en dépit d’une rapide progression démographique, sont largement dus aux progrès réalisés en matière de fumure et de traitement des sols et des cultures.

4.2   Structure des exploitations
Fermes traditionnelles (Népal)
Si les pays industrialisés voient le nombre de leurs exploitations diminuer et leur taille augmenter, l'agriculture de subsistance, pratiquée dans des fermes individuelles ou des exploitations familiales, est toujours la règle dans de nombreux pays d'Afrique et d'Asie.
Emil Muench/Photo Researchers, Inc.

Les fermes individuelles de subsistance et les petites exploitations familiales mixtes diminuent en nombre dans les pays industrialisés, mais sont toujours aussi nombreuses dans les pays en voie de développement d’Afrique et d’Asie. Les bergers nomades parcourent de vastes étendues dans le sud du Sahara, en Afghanistan et en Laponie, la conduite de troupeaux étant l’une des principales composantes de l’agriculture de régions comme la Mongolie. La taille des fermes elle-même varie considérablement d’une région à l’autre. À la fin des années 1980, la taille moyenne d’une ferme canadienne était d’environ 230 ha, alors que la taille moyenne d’une ferme aux Philippines est inférieure à 3,6 ha, et en Indonésie, inférieure à 1,2 ha.

Moisson (Ontario)
L'agriculture commerciale pratiquée sur le continent nord-américain va de pair avec un agrandissement considérable des exploitations et la mécanisation des différentes étapes allant de la préparation de la terre à la récolte. Ainsi, à la fin des années 1980, une exploitation canadienne moyenne comptait 230 ha (contre moins de 3,6 ha aux Philippines).
G.R. Roberts/Photo Researchers, Inc.

La taille dépend également de l’objectif poursuivi par la ferme. Si l’agriculture de subsistance est encore réalisée sur de petits domaines, l’agriculture commerciale est en général pratiquée sur des exploitations à très grande échelle. Les latifundia d’Amérique latine sont de grandes exploitations, privées, fonctionnant avec une main-d’œuvre louée. Les plantations à récolte unique produisent du thé, du caoutchouc et du cacao. Ainsi, une grande part des devises entrant dans un pays peut provenir d’un seul bien de consommation ; par exemple, le Sri Lanka repose sur le thé, le Danemark a comme spécificité les produits laitiers, l’Australie la laine, la Nouvelle-Zélande et l’Argentine les produits carnés.

Récolte mécanisée (Kazhakstan)
Moisson mécanisée d'un champ de blé au Kazhakstan, dont cette céréale est la première ressource. La révolution industrielle a entraîné de profondes mutations dans le domaine agricole. Si de nombreuses étapes ont été mécanisées, en contrepartie, la taille des exploitations s'est considérablement étendue pour amortir de coût des machines.
ITAR-TASS/SOVFOTO-EASTFOTO

De même, les exploitations céréalières sont d’une meilleure rentabilité lorsqu’elles comportent plusieurs milliers d’hectares et peuvent fonctionner avec des équipes et un important matériel agricole. Les parcelles des communautés agricoles chinoises et les coopératives agricoles péruviennes constituent d’autres types d’exploitations agricoles importantes, comme l’étaient les fermes collectives qui appartenaient et étaient dirigées par les fonctionnaires de l’ex-URSS.

Comme les pays dépendent de l’agriculture, pas uniquement pour les produits alimentaires, mais également pour les revenus et les matières premières nécessaires à l’industrie, les échanges commerciaux dans le domaine de l’agriculture constituent une préoccupation constante sur le plan international. Ils sont régulés par des organisations comme l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ou l’Union européenne.

4.3   Produits de l’agriculture
Champ de blé
Le blé, qui produit le grain dont on tire la farine pour faire le pain, les semoules et les pâtes, est l'une des céréales les plus récoltées dans le monde, avec une production dépassant 500 millions de tonnes par an.
John McCammon/Oxford Scientific Films

Les plantes cultivées sont fort nombreuses, mais seules quelques-unes occupent une place prépondérante sur le plan mondial. En ne considérant que les productions végétales directement utilisables par l’homme, c’est-à-dire en excluant les productions fourragères transformées en produits animaux, comme les feuilles du mûrier qui alimentent le ver à soie ou la luzerne et le maïs, ensilés pour nourrir les bovins, deux destinations peuvent être considérées : la transformation à des fins non alimentaires et l’alimentation humaine. Ces deux activités pouvant présenter tous les stades, de l’artisanat familial à la grande industrie multinationale (voir agroalimentaire, industrie).

Oliveraie (Italie)
L'Italie est l'un des premiers producteurs mondiaux d'oléagineux. Les oliviers sont présents en abondance dans tout le bassin méditerranéen.
Paul Solomon/Woodfin Camp and Associates, Inc.

Dans le premier groupe se rencontrent les plantes textiles, le coton en premier lieu, mais aussi le caoutchouc ou le tabac, de même que des cultures oléagineuses comme le ricin, qui fournit une huile de moteur appréciée. Dans le second, la masse principale est représentée par les cultures apportant des aliments glucidiques, à savoir de l’énergie, à l’espèce humaine. Originellement, chaque société avait la sienne, correspondant aux conditions naturelles de son habitat, mais aussi à ses coutumes ; racines, rhizomes et tubercules farineux du monde tropical humide, céréales du monde tempéré et des régions chaudes à saison sèche avec, là aussi, des particularités — riz d’Extrême-Orient et d’Afrique, maïs de l’Amérique précolombienne, blé, orge, seigle et avoine d’Eurasie tempérée. À part, la pomme de terre, qui était une spécialité de l’Amérique andine.

Taro
Sans doute originaire d'Asie du Sud-Est, le taro (Colocasia antiquorum, ici la variété esculenta) est cultivé dans toutes les régions tropicales humides pour son tubercule énergétique. Ses feuilles, riches en vitamines (A, C et B2), sont également comestibles.
(c)Kazuzo Nakamura

Actuellement, cependant, une relative unification des modes de vie conduit à placer au premier rang le blé, avec une récolte annuelle de plus de 500 millions de tonnes, suivi de près par le riz et par le maïs. La pomme de terre, localement fort importante, représente près de 300 millions de tonnes, mais est bien moins riche en matière sèche que les céréales. Deux autres sources d’alimentation ressortent : les plantes produisant du sucre, un aliment fort apprécié mais longtemps resté rare dans le menu humain, canne et betterave à sucre, et les plantes oléagineuses, dont les fruits ou les graines sont riches en huile. Au premier rang viennent le soja, une légumineuse d’Extrême-Orient acclimatée avec un grand succès en Amérique, et l’arachide africaine. Les résidus d’extraction de l’huile, ou « tourteaux », sont valorisés en alimentation animale. Leur richesse en protéines a valu aux plantes qui les produisent le nom d’oléo-protéagineux.

Les autres produits alimentaires ont des rôles diététiques différents, moins fondamentaux, mais néanmoins nécessaires, tel l’apport de fibres, de minéraux et de vitamines. Ce sont les légumes, les fruits, à consommer crus ou cuits, frais ou conservés. Les volumes produits et surtout commercialisés sont bien moindres, mais économiquement souvent fort importants, surtout lorsqu’il s’agit de productions à contre-saison destinées aux marchés de pays développés, comme les haricots verts du Kenya ou les fruits d’arbres de zones tempérées provenant de l’hémisphère Sud.

La plupart de ces plantes s’écartent considérablement des formes sauvages, par leur degré de spécialisation et par l’hypertrophie de telle ou telle partie du végétal. Ces transformations résultent du travail ancien et patient de générations d’arboriculteurs, d’horticulteurs, de cultivateurs, et plus récemment de celui d’entreprises d’amélioration génétique végétale qui, par l’astucieux système du certificat d’obtention végétale (COV), ont pu, sans breveter la matière vivante, à la fois protéger leurs droits et ne pas entraver de nouveaux progrès. L’obtention et la commercialisation de plantes à gènes « greffés », dites transgéniques, conduisent à reconsidérer cette situation. Voir amélioration des plantes.

4.4   Perspectives
Distribution de nourriture (Somalie)
Bien que les produits de l'agriculture suffisent aujourd'hui, quantitativement, à nourrir la totalité de la population mondiale, de nombreuses régions souffrent encore de la faim. Ainsi, la guerre civile qui déchire la Somalie depuis 1991 entrave son développement économique et provoque une famine d'une telle ampleur que les pays occidentaux ont dû organiser des opérations humanitaires pour secourir les populations.
Bruce Brander/Photo Researchers, Inc.

L’agriculture contemporaine mondiale produit suffisamment pour nourrir les 6 milliards d’habitants de la planète ; cependant, une grande partie de la population mondiale souffre encore de la faim. L’importance quantitative de cette production n’a pas été obtenue sans de grands investissements, de grands efforts et de fortes atteintes au milieu naturel. Ici et là, l’agriculture dite biologique s’efforce de minimiser ces dernières par une utilisation restreinte des produits de l’industrie chimique : engrais, insecticides, pesticides ou adjuvants divers. Des résultats ponctuels sont obtenus, mais la possibilité de leur généralisation reste incertaine. L’incertitude majeure concerne cependant les mesures à prendre pour qu’une nouvelle révolution verte permette de nourrir, dans quelques décennies, une population mondiale doublée.

 
 
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