Encarta 2008 - Colomb, Christophe
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Colomb, Christophe

1   PRÉSENTATION

Christophe Colomb
 
Library of Congress/Science Source/Photo Researchers, Inc.

Colomb, Christophe (1451-1506), navigateur espagnol d’origine italienne, premier explorateur européen à avoir traversé l’Atlantique et atteint l’Amérique.

Correspondance de Christophe Colomb
Extrait de la correspondance entre Christophe Colomb et Isabelle Ire la Catholique, reine de Castille ; l'explorateur obtint le soutien financier de la reine pour ses expéditions.
Pierre Boulet/Woodfin Camp and Associates, Inc.

Né à Gênes, Christophe Colomb est fils de tisserand. Il semble avoir exercé ce même métier durant sa jeunesse. Au service des comptoirs de Gênes, alors l’une des villes les plus puissantes d’Europe, il navigue dans un premier temps en Méditerranée et jusqu’en Angleterre. Sa première expédition en tant que négociant le conduit vers l’île de Khíos, dans la mer Égée. En 1476, alors qu’il vogue en convoi à destination de l’Angleterre , sa flotte est attaquée par des corsaires. Christophe Colomb trouve refuge, puis s’installe à Lisbonne, où demeure déjà son frère Barthélemy, cartographe. En 1479, il épouse la fille du gouverneur de l’île de Porto Santo. De cette union naît en 1480 un jeune Diego. Durant toute cette période, Christophe Colomb ne cesse de naviguer de l’Islande à l’Afrique noire, dont le littoral occidental est déjà fréquenté depuis un demi-siècle par les Portugais.

2   LES PRÉPARATIFS DE LA PREMIÈRE EXPÉDITION

Carte de navigation de Christophe Colomb
À la fin du xv e siècle, alors que le continent américain est inconnu, les cartes du monde font mention d'un espace océanique vide entre les côtes occidentales de l'Europe et les côtes orientales de la Chine. De plus, sur la base des travaux du grec Ptolémée (ii e siècle), la circonférence de la Terre est sous-estimée, tandis que la largeur (extension longitudinale) de l'Eurasie est surestimée. Ainsi, les cartes dont disposent Christophe Colomb — ainsi que le globe terrestre conçu par le géographe Martin Behaim en 1492, auquel le navigateur a probablement eu accès avant son départ — font naître chez lui la conviction que l'on peut atteindre l'Asie en naviguant toujours vers l'ouest à partir de la péninsule Ibérique (pour la même raison, il reste convaincu, jusqu'à sa mort, qu'il a débarqué en Asie, et ne soupçonne pas avoir abordé un nouveau continent).Ce portulan (carte utilisée pour la navigation), attribué à Christophe Colomb et utilisé par lui au cours de ses traversées, se divise en deux parties distinctes :– à droite, un portulan classique représentant le monde connu centré sur le bassin méditerranéen ;– à gauche, une mappemonde sur laquelle se répartissent les trois continents connus (Europe, Afrique et Asie), entourée de neuf sphères célestes sur lesquelles est représenté le mouvement des planètes autour de la Terre, en accord avec la vision géocentrique du monde alors en vigueur.Carte-portulan attribuée à Christophe Colomb, fin du xv e siècle. Bibliothèque nationale de France, Paris.
Roger Viollet/Getty Images

Tirant profit d’informations glanées au cours de ses différents voyages et se fondant sur ses lectures et sur l’étude de cartes maritimes et terrestres, Christophe Colomb parvient à la conclusion que la Terre est un quart plus petite que ce qui est alors communément admis, et qu’elle se compose principalement de terres. S’appuyant sur ces interprétations erronées, il en déduit que l’Asie peut être facilement atteinte en naviguant vers l’ouest. En 1484, il présente ses théories à Jean II le Parfait, roi du Portugal, et lui demande de financer une traversée de l’Atlantique en direction de l’ouest ; sa requête est rejetée par une commission royale chargée des questions maritimes en raison d’erreurs de calcul, mais aussi parce que des navires portugais sont sur le point de trouver une route maritime vers l’Asie par contournement de l’Afrique.

Christophe Colomb part alors pour l’Espagne, où ses projets reçoivent le soutien de plusieurs personnalités influentes ; en 1486, il obtient d’être introduit auprès d’Isabelle Ire, reine de Castille. Toutefois, une commission royale espagnole lui oppose à nouveau un refus. Christophe Colomb persévère néanmoins et, après la fin de la Reconquista et la prise de Grenade, en avril 1492, ses efforts sont enfin récompensés : Ferdinand V, roi de Castille, et la reine Isabelle acceptent de financer son expédition. Selon les termes du contrat signé, Colomb devient amiral de la mer Océane et vice-roi de tous les territoires qu’il est amené à découvrir ; il bénéficie également d’un titre de pairie héréditaire et d’un dixième de tous les métaux précieux trouvés dans les territoires soumis à son autorité.

3   LA PREMIÈRE TRAVERSÉE DE L’ATLANTIQUE (1492-1493)

Départ de Christophe Colomb
Christophe Colomb au départ de son premier voyage, le 3 août 1492, en compagnie des souverains espagnols Ferdinand V et Isabelle Ire , qui soutinrent son initiative.
THE BETTMANN ARCHIVE

La première expédition de Christophe Colomb ne se compose que de trois navires : la Santa María, bâtiment ponté d’une longueur de 30 m placé sous le commandement de Colomb, la Pinta et la Niña, deux caravelles de 15 m de long, commandées respectivement par Martín Alonzo Pinzón, un riche armateur, et par son frère Vicente Yáñez Pinzón (voir Pinzón). La flotte part de Palos, en Espagne, le 3 août 1492, et transporte probablement quatre-vingt-dix hommes. Colomb choisit de naviguer d’abord vers le sud ; aux îles Canaries a lieu un premier mouillage, afin de réparer un des bateaux. Le 6 septembre, les trois vaisseaux appareillent à nouveau et se dirigent droit vers l’ouest. Colomb maintient son cap, malgré les craintes de l’équipage, jusqu’au 7 octobre, puis, sur les conseils de Martín Pinzón, il fait route vers le sud-ouest.

Prise de possession de San Salvador par Christophe Colomb
Dans la matinée du 12 octobre 1492, Christophe Colomb débarque sur une petite île de l'archipel des Bahamas. Il y fait dresser une croix et plante la bannière royale espagnole sur la plage en signe de prise de possession au nom de la couronne d'Espagne. Il baptise cette terre San Salvador (« saint sauveur »). Les historiens ont longtemps pensé qu'il s'agissait de l'île connue aujourd'hui sous le nom de Guanahani (rebaptisée San Salvador en 1926), mais peut-être est-ce Samana Gay.
SuperStock

Le 12 octobre 1492, avant l’aube, une terre devient visible à l’horizon et, tôt dans la matinée, l’expédition débarque à Guanahaní, une île des Bahamas. Devant un attroupement d’Indiens, Christophe Colomb déclare que, par droit de conquête, leur île appartient désormais à l’Espagne et il la baptise du nom de San Salvador, qui signifie « saint sauveur » (des recherches récentes laissent toutefois à penser que l’île en question était peut-être Samana Cay). Au cours des semaines suivantes, Colomb, toujours persuadé d’avoir débarqué en Asie, se rend sur plusieurs îles : notamment Cuba, que Colomb dénomme Juana, en l’honneur d’une princesse espagnole, et La Española, devenu par la suite Hispaniola (comprenant les territoires actuels de la République dominicaine et de Haïti). En décembre de la même année, la Santa María fait naufrage au large des côtes d’Hispaniola. Les débris du naufrage servent à construire un fort (appelé Navidad) dans lequel est installée une garnison de moins de quarante hommes.

Découverte de l'Amérique
 
© Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

En janvier 1493, l’expédition entreprend son voyage de retour. Colomb choisit de mettre le cap sur le nord avant de virer de bord en direction de l’est. Grâce aux vents d’ouest favorables, il peut regagner sans encombres le continent européen. En quelques mois, Christophe Colomb a ainsi fait trois découvertes majeures qui se complètent l’une l’autre : en premier lieu la découverte d’un nouveau continent (même si Colomb n’en a pas pris conscience lui-même), ensuite la découverte du meilleur trajet maritime pour l’Amérique, et enfin celle du meilleur trajet de retour. Hasard ou intuition fulgurante, la route suivie par Colomb est restée la même pendant les quatre siècles de navigation à voile qui ont suivi cette traversée désormais légendaire. Naviguant le plus souvent à l’estime, avec une boussole pour tout instrument, Christophe Colomb, l’explorateur, était en effet également un marin d’exception.

4   LA DEUXIÈME TRAVERSÉE (1493-1495)

À peine revenu sur le Vieux Continent, Christophe Colomb organise une deuxième expédition, plus ambitieuse puisque celle-ci comporte dix-sept vaisseaux et environ 1 500 hommes. Quittant l’Espagne en septembre 1493, l’expédition débarque successivement à la Dominique, en Guadeloupe et à Antigua.

Le 27 novembre, les vaisseaux jettent l’ancre près de La Navidad, sur l’île Hispaniola, et découvrent que le fort a été détruit et ses hommes tués. Près de ce qui est aujourd’hui le cap Isabella, en République dominicaine, Colomb établit la colonie d’Isabella, première colonie d’Européens dans le Nouveau Monde. Il entreprend un voyage d’exploration au printemps 1494, établit le relevé de la côte de Cuba, persuadé qu’il ne s’agit pas d’une île mais d’une partie du continent asiatique, et parcourt l’île de la Jamaïque.

Lorsqu’il retourne à Isabella le 29 septembre 1494, les colons y sont divisés par de graves dissensions, et certains d’entre eux sont déjà retournés en Espagne afin d’exposer leurs griefs. Très vite, les Européens s’aliènent par leur brutalité le comportement amical des Indiens  ; c’est ainsi que Colomb, vainqueur des Indiens au cours d’une bataille en mars 1495, relègue la plupart d’entre eux en Espagne pour les vendre comme esclaves (voir esclavage). La reine Isabelle manifeste toutefois sa désapprobation et les survivants sont renvoyés dans leur pays d’origine. Lors de l’établissement de la nouvelle capitale de Saint-Domingue, une commission d’investigation royale est également dépêchée à Isabella en octobre 1495 ; cette commission se montre très critique envers la politique de Colomb. Afin de se justifier auprès de Ferdinand et Isabelle, Colomb décide de se rendre en Espagne, après avoir délégué son autorité à Barthélemy. Les accusations émises contre Colomb ne sont pas retenues et celui-ci obtient une promesse de financement pour une nouvelle flotte. Toutefois, l’enthousiasme pour cette entreprise (qui s’est avérée d’un si piètre rapport) est retombé, et Colomb doit attendre presque deux ans avant de lancer une nouvelle expédition composée de huit vaisseaux.

5   LA TROISIÈME TRAVERSÉE (1498-1500)

Christophe Colomb mis aux fers
En mai 1499, le roi Ferdinand II le Catholique destitue Christophe Colomb de sa charge de gouverneur des Indes occidentales, et confie cette fonction à Francisco de Bobadilla. Débarqué sur les rives d'Hispaniola en août 1500, celui-ci s'empresse de faire arrêter Christophe Colomb, qui est mis aux fers et renvoyé en Espagne.
Scala/Art Resource, NY

Christophe Colomb entame sa troisième traversée le 30 mai 1498. La première terre qu’il atteint, le 31 juillet, est une île surmontée de trois montagnes qu’il baptise Trinidad, en l’honneur de la Sainte-Trinité. Il aperçoit ensuite la terre correspondant au Venezuela actuel. Après avoir navigué le long de la côte, il atteint le golfe de Paria. Il débarque à la tête d’un groupe d’hommes à l’embouchure de l’Orénoque. Il écrit alors dans son journal avoir trouvé un « Nouveau Monde », encore inconnu des Européens, évoquant le paradis terrestre. Colomb prend à nouveau la mer, et aperçoit de nouvelles îles, dont Margarita. Il prend ensuite la direction d’Hispaniola.

À son retour à Saint-Domingue, le 31 août 1498, Colomb constate qu’une partie des colons s’est révoltée contre son frère. Il réussit à calmer les rebelles et redouble d’efforts, en vain, pour évangéliser les Indiens. Il cherche également de l’or. Parallèlement, ses rivaux en Espagne ont réussi à convaincre les monarques qu’Hispaniola a besoin d’un nouveau gouverneur, si bien qu’en mai 1499, le roi destitue Christophe Colomb et confie la charge à Francisco de Bobadilla, qui débarque le 23 août 1500. Bobadilla fait alors rapidement arrêter Christophe Colomb et son frère Barthélemy, et les fait mettre aux fers avant de les renvoyer en Espagne. Les monarques accordent leur pardon aux deux frères, mais refusent toutefois de rétablir Colomb à son poste. Bobadilla ne peut cependant conserver son poste de gouverneur ; il est remplacé par Nicolás de Ovando.

6   LA QUATRIÈME ET DERNIÈRE TRAVERSÉE (1502-1504)

Voyages de Christophe Colomb
 
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Le Portugais Vasco de Gama venant d’atteindre les Indes en contournant l’Afrique par le sud, les monarques espagnols permettent à Christophe Colomb de persévérer dans sa recherche d’une route vers l’Asie en passant par l’ouest, mais il ne dispose, pour ce quatrième voyage, que de quatre caravelles vermoulues, et il lui est par ailleurs interdit de faire escale à Hispaniola. L’expédition part de Cadix en mai 1502. Au terme d’une rapide traversée de vingt et un jours, les navires se trouvent en très mauvais état. Colomb jette l’ancre au large de Saint-Domingue, mais l’accès au port lui est interdit, malgré l’arrivée imminente d’un ouragan. La tempête anéantit partiellement la flotte rivale qui se dirige vers l’Espagne ; Bobadilla périt pendant le naufrage, et seul le bateau qui contient l’or collecté par Colomb arrive à bon port.

Après avoir effectué des réparations de fortune sur ses vaisseaux, Colomb navigue au large du Honduras, puis longe la côte de l’Amérique centrale pendant près de six mois à la recherche d’un passage vers l’ouest. En janvier 1503, il débarque au Panamá et y installe une colonie. Il doit attendre pendant presque un an les secours d’Hispaniola. Il embarque le 28 juin 1504 pour Saint-Domingue, puis fait route vers l’Espagne.

Christophe Colomb ne reprend plus désormais la mer, les derniers mois de sa vie étant marqués par la maladie et de vaines tentatives pour obtenir du roi Ferdinand la restitution de tous ses privilèges, même s’il est alors très riche. Colomb meurt le 20 mai 1506 à Valladolid. Il est enterré à Séville, ses restes étant par la suite exhumés pour être transférés successivement à Saint-Domingue et à La Havane, avant de faire finalement retour à Séville en 1899 ; certains historiens prétendent toutefois que la dépouille de Colomb repose toujours à Saint-Domingue.

Voir aussi exploration géographique.

 
 
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